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Le 8 mars, ce fut le dévoilement tant attendu du rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Considérant le fait que la question posée au BAPE par le gouvernement « fournir un cadre pour le développement durable du gaz de schiste » constituait pour plusieurs, un vrai oxymoron, les conclusions et les interrogations soulevées par le rapport du BAPE ont été a priori, assez bien reçues. Plusieurs opposants à cette industrie se sont dits rassurés par ce rapport qui vient corroborer les inquiétudes soulevées par des groupes de citoyens, des environnementalistes et un grand nombre de scientifiques. Rapport du BAPE, maintenant étude environnementale stratégique (EES), avons-nous affaire à autant d’os lancés au bon peuple pour le rendre plus conciliant et, peut-être, tenter de rallier à la cause du gaz, les indécis? Voilà que maintenant, c’est de l’« exploration scientifique » que l’on fera, et ce, encore avec cette technique tant décriée qu’est la fracturation hydraulique (hydraufraction). Toute nouvelle fracturation sera faite par un regroupement d’experts du gouvernement, de l’industrie et par des universitaires. Voudrait-on tenter de démontrer qu’il est possible d’injecter des millions de litres d’eau (potable), mélangés à des centaines de tonnes de produits chimiques toxiques, dans le sol, sans trop d’impact environnemental ?
Dans son article du 12 mars, Louis-Gilles Francoeur (Le Devoir) remarque que plusieurs ont interprété cette restriction (EES) comme un « moratoire de facto ». Mais rien n’est plus faux, rajoute-t-il. Sans réelle réglementation et tant que l’Environnement (MDDEP) n’aura pas le contrôle de la prospection ou du forage « Les industriels pourront continuer à forer aussi souvent, aussi profondément qu’ils le voudront. Seule la fracturation sera réduite à des fins scientifiques ». Ceux qui ont suivi ce dossier savent qu’après le stade exploratoire, le pire est fait et il ne reste qu’à « récolter » le gaz, c’est pour cette raison qu’un moratoire était exigé.
Aujourd’hui, les citoyens se questionnent de plus en plus sur l’impasse que représentent les énergies fossiles. Des millions investis en rapports, en études, en crédits d’impôt à l’exploration pour les gazières, alors que l’industrie des énergies renouvelables peine à émerger faute de financement. Le vrai immobilisme serait-il le déni, par nos gouvernants, des mesures et incitatifs à l’économie d’énergie et leur indifférence envers les solutions de rechange au pétrole et au gaz?
Autres nouvelles
Le 26 février, le New York Times publiait un article dans lequel on apprenait que la Pennsylvanie avait complètement perdu le contrôle des eaux usées de l’industrie gazière. Des quantités extraordinaires de rejets toxiques radioactifs sont envoyées aux usines d’épuration locales, lesquelles ne peuvent les traiter convenablement. Ces rejets sont par la suite déversés dans les rivières avoisinantes souvent en amont des prises d’eau potable de plusieurs localités. Le NYT a compilé des données d’analyse provenant de 200 puits de Pennsylvanie. Pour plusieurs d’entre eux, le taux de radium excédait de 20 à 1, 500 fois la norme fédérale acceptable.
Chez nos cousins français, le 26 février à Villeneuve-de-Berg en Ardèche, entre 10 et 20 mille irréductibles Gaulois sont venus de toute la France pour signifier leur désapprobation envers cette industrie.
Le 2 mars, un collectif de scientifiques (manifestegazdeschiste.org) réclamait de toute urgence, le décret d’un moratoire. Selon eux, cette filière ne répond à « aucun critère d’acceptabilité ». Ils ajoutent que cette industrie est « invasive, peu rentable et potentiellement néfaste pour la santé et la sécurité publique ».
En entrevue à RDI, Lucien Bouchard, nouveau président de l’Association pétrolière et gazière du Québec, a ridiculisé les arguments de certains scientifiques, dont ceux de Marc Durand, géologue. Dans une réponse à M. Bouchard, M. Durand affirme que « Son intervention dans le dossier des gaz de schiste n’annonce rien de bon, si c’est le traitement qu’il réserve aux experts qui diffèrent d’opinion avec Talisman ».
Pour les curieux qui sont munis de Google Earth, je vous suggère d’aller voir les villes de Eunice, New Mexico et Ozona, Texas. Vous verrez que l’image satellite montre à quoi pourrait, un jour, ressembler la vallée du Saint-Laurent. La périphérie de ces villes a l’allure d’un circuit imprimé ou d’un filet, il s’agit d’une multitude de puits de gaz avec leur réseau de routes d’accès. Impressionnant pour ne pas dire terrifiant !