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Au moment où les grands médias semblaient avoir quelque peu délaissé ce dossier, voilà qu’on apprenait que la Ville de Trois-Rivières venait de signer un contrat d’épuration d’eau contaminée de plus de 192 000$ avec la firme Talisman Energy. Cette décision a été prise à l’insu du conseil municipal, par le comité exécutif de la ville qui ne compte que trois personnes. C’est à la séance du conseil de ville du 6 décembre que plusieurs citoyens ont manifesté leur désapprobation. La conseillère municipale, Sylvie Tardif, s’est dite très déçue de ne pas avoir été consultée et d’avoir appris l’existence de ce contrat par les médias, seulement après qu’il ait été signé. Pour sa part, le conseiller, André Noël, a cru bon de rappeler que « L’Union des Municipalités du Québec recommande à ses membres de ne pas traiter les eaux usées de la filière gazière en disant que c’est l’industrie elle-même qui devrait être responsable de ses eaux». En réponse à une question du public, Steve Hamel, technicien en assainissement des eaux pour la Ville de Trois-Rivières, a affirmé que les eaux de forage contiennent bel et bien des métaux lourds*. Il a aussi rappelé que les boues qui se trouvent au fond des bassins de décantation avaient reçu l’accréditation du ministère de l’Environnement pour l’épandage agricole, et ce depuis deux ans, au moment où la ville a commencé à recevoir les eaux contaminées des sites de forage.
Un instant ! À l’émission Découverte, un expert américain affirmait que les usines d’épuration des villes ne sont vraiment pas adéquates pour traiter ces eaux! Il en ressort une eau d’une très haute salinité, parfois radioactive, chargée de substances cancérigènes, mutagènes et de métaux lourds. De plus, n’avions-nous pas assez des épandages massifs de lisier de porc avec leurs effets néfastes sur nos sols et nos cours d’eau? Voilà que l’on veut asperger nos champs de cette bouillie toxique !
Un instant ! Voilà ce que disent des artistes qui viennent ajouter leur voix à celles de tous ceux qui demandent un moratoire. Comment peut-on, au 21e siècle, faire preuve d’autant d’insouciance et de désinvolture à l’égard de milieux aussi fragiles que menacés que sont nos sols, nos cours d’eau et particulièrement le fleuve Saint-Laurent qui abrite des écosystèmes complexes et qui dessert tant de municipalités en eau potable ?
Selon le biologiste Pierre Béland : « Les bélugas du Saint-Laurent devraient être considérés comme des déchets toxiques tant leur contenu en contaminants est élevé ! »
Faut-il en rajouter? Puisqu’il faut qu’il y ait mort d’homme massive pour que nos gouvernants pensent à réagir, seul l’avenir nous dira si nous avions raison de nous inquiéter, mais il sera probablement trop tard. Les dommages faits par les produits toxiques sont trop souvent irréversibles.
* Métaux lourds: éléments chimiques métalliques issus de la croûte terrestre, à haute densité (masse), qui sont toxiques, voire de véritables poisons (arsenic, plomb…), à faible concentration. Ils ne peuvent être dégradés, ni détruits. Certains de ces métaux sont essentiels, en très infimes quantités (traces), au bon fonctionnement des organismes vivants. Au-delà des quantités requises, ils sont stockés (dans l’organisme) beaucoup plus rapidement qu’ils ne sont excrétés. Certaines plantes peuvent les accumuler en grandes quantités. Une trop grande présence de ces métaux dans l’organisme, cause de multiples effets, aussi indésirables les uns que les autres. Exemple : plusieurs formes de cancer, avortements spontanés, malformations congénitales et osseuses, dommages au cerveau et au système nerveux central (retards d’apprentissage, pertes de mémoire, troubles du sommeil, irritabilité, démence, fatigue chronique), augmentation des réactions allergiques, déficience du système immunitaire, dommages aux reins, aux poumons et au foie, etc.