Le gaz de schiste

Odette Morin
Les derniers articles par Odette Morin (tout voir)

Ce n’est que cet été que les médias de masse ont commencé à s’intéresser sérieusement au gaz de schiste. Voulant en savoir plus, je suis allée faire un tour sur la grande toile. Après une heure sur internet, j’en savais déjà plus que m’en apprendraient le gouvernement et l’industrie durant les semaines voire les mois qui suivraient. En allant sur des sites américains, là où cette industrie bat son plein depuis plusieurs années, j’ai été sidérée par ce que j’y ai lu. Des rapports d’universitaires, des témoignages de citoyens, le texte du rapport de l’état de New York qui mena à l’instauration d’un moratoire, etc. Lecture parfois très éprouvante, mais surtout édifiante qui m’a fait me demander si nos gouvernants avaient accès à l’internet. Car, comment peut-on être sain d’esprit et continuer à vouloir à tout prix, aller de l’avant avec une industrie qui s’avère si polluante? J’en reviens toujours aux mêmes conclusions : courte vue, mépris de l’environnement et mercantilisme. Il faut savoir que plusieurs ex haut-placés du PLQ, voire d’anciens ministres sont maintenant sur la liste de paie des compagnies gazières.

Comment peut-on ne pas s’inquiéter du cocktail toxique qui est injecté dans un puits de gaz de schiste? Acide chlorhydrique, acide formique, chlorure d’ammonium, formaldéhyde, éthylène glycol, benzène, toluène, xylène, éthanol… Le benzène, par exemple, une seule partie par million (dans l’eau) change le nombre de globules blancs dans un organisme vivant. Anémie sévère, leucémie, lymphome sont attribuables au benzène. Seulement 20 à 50 % de cette bouillie toxique est remontée à la surface après la fracturation, personne ne peut nous dire avec certitude ce qui advient du liquide qui reste dans le sol. Tel qu’entendu à l’émission Découverte, il est fort probable qu’après la fracturation, ce liquide de même que des gaz, migrent vers la surface en empruntant des failles naturellement présentes dans le roc, contaminant au passage, la nappe phréatique. C’est ainsi que de nombreux puits artésiens auraient été contaminés aux É. U. L’industrie voudrait faire traiter ses boues de forage par les usines d’épurations des petites villes et villages à proximité des puits, hélas, la ville de Gentilly en a déjà accepté. À l’émission Découverte, on nous a confirmé que les installations d’assainissement et de filtration existantes ne sont pas du tout adéquates pour traiter cette bouillie de métaux lourds qui peut parfois être légèrement radioactive.

Nausées, asthme, perte de l’odorat, voilà ce à quoi font face des gens qui résident près des puits de gaz de schiste aux États-Unis. Si le vent tourne de leur côté, les résidents n’ont pas le choix que d’empêcher leurs enfants d’aller jouer dehors.

Il y a aussi le trafic incessant des camions poids lourds et les génératrices en marche 24 heures sur 24. Ces équipements émettent des particules fines, du monoxyde de carbone, des composés organiques volatils, etc. On parle très peu des polluants émis par les torchères et les puits eux-mêmes. Méthane, sulfure d’hydrogène, des gaz extrêmement polluants et toxiques. On ne parle pas non plus des émanations dues à l’évaporation du contenu des bassins de décantation.

Aujourd’hui, l’industrie gazière travaille de concert avec le gouvernement, dans l’élaboration des lois et règles qui encadreront cette industrie. Le loup, mort de rire, vient de décrocher le contrat pour assurer la sécurité de la bergerie!

print