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Alexandre Cayla, août 2007 – L’été dernier, le Journal avait parlé du cas d’un jeune garçon de la région de Gatineau qui, à l’âge de 8 ans, avait contracté une méningite purulente et avait dû se faire amputer les jambes. Certains diront qu’il s’agit là d’une histoire d’horreur, d’un cas exceptionnel, toujours est-il que pour s’assurer que personne ne contracte quelque maladie ou trouble de santé, le ministère du Développement Durable et des Parcs (MDDEP) a établi pour les eaux de surfaces, deux seuils à respecter selon l’usage que l’on en fait. Le premier (200 cf/100ml) est le seuil au-delà duquel la baignade devient dangereuse et, au-delà du second (1000 cf/100ml), ce sont tous les usages récréatifs qui sont interdits. Ces indications, quoique très utiles, sont assez faciles à trouver. Par contre, un autre type d’information tout aussi vital est moins accessible : les dangers auxquels sont exposées les personnes utilisant ces eaux « non réglementaires ».
D’entrée de jeu, notre interlocuteur à l’Agence de santé publique répond qu’il est difficile d’identifier précisément les maux dont souffrira une personne s’étant baignée dans des eaux polluées. Sa robustesse, son état de santé ainsi que la durée de l’exposition aux polluants sont tous des facteurs qui rendent un diagnostic « au bout du fil » difficile. Toutefois, en le pressant un peu pour savoir s’il existe certains cas plus fréquents que d’autres, une réponse plus claire commence à se former. Évidemment, elle nécessite quelques précisions.
D’abord, concernant les indicateurs: que représente réellement cette mesure de 200 (ou de 1000) cf/100ml ? Et pourquoi cette mesure est-elle privilégiée ?
Les coliformes fécaux sont utilisés par le gouvernement comme des indicateurs du degré de pollution d’un cours d’eau parce qu’ils sont facilement identifiables, mais aussi parce qu’ils témoignent de la présence de pollution fécale causée par les humains. Et comme leur présence dénote aussi celle d’autres organismes dangereux, les coliformes fécaux permettent donc d’établir un « seuil de dangerosité ».
Et quels problèmes de santé sont généralement associés à l’exposition aux coliformes fécaux ?
Selon cet expert, ce ne sont pas les coliformes fécaux en soi qu’il faudrait craindre, mais bien les microorganismes et les bactéries qui se trouvent souvent à proximité. C’est pour cette raison que même en connaissant la concentration de coliformes fécaux dans l’eau, un individu ne sait pas réellement à quoi il s’expose.
Aussi, celui-ci soutient qu’il ne faut pas oublier qu’une forte concentration de coliformes fécaux est souvent causée par les déversements provenant des stations d’épuration. Ainsi, à toutes fins pratiques, « quand on se baigne dans des eaux qui ont plus de 1000cf./100ml c’est comme si on se baignait dans l’eau d’un égout et qu’il faut s’attendre à y retrouver les mêmes maladies ».
Quelques maladies fréquentes
Toutefois, certaines maladies « typiques » ont été identifiées : l’hépatite, les otites, les diarrhées ainsi que tous les troubles gastro-intestinaux si, sans le vouloir, le baigneur ou le canoteur, buvait la tasse. Aussi, il est à noter que certaines parties du corps sont plus vulnérables que d’autres, les zones avec plaies, les yeux, les oreilles.
À plusieurs reprises, lors de nos discussions avec des fonctionnaires gouvernementaux, la responsabilité des municipalités ou des Agences de bassin versant comme Abrinord a été abordée. Face aux manquements des organismes gouvernementaux, que font ces dernières pour pallier ces lacunes ?
Sainte-Adèle
Entre 2005 et 2006, Sainte-Adèle a réussi à réduire ses déversements de coliformes fécaux de 32 459 à 13 032 en vérifiant et corrigeant ses ouvrages de surverse. De plus, en 2008, un système d’abattement des coliformes fécaux par rayons UV sera installé. Dans l’ensemble ces deux mesures contribueront à améliorer significativement la qualité de l’eau sur la rivière du Nord.
Saint-Sauveur/Piedmont
Bien que la station d’épuration de Saint-Sauveur/Piedmont respecte les critères fixés par le MAMR, le 16 juin dernier, nos échantillons avaient révélé une augmentation de 800 cf/100ml sur le tronçon de la rivière du Nord où se déversait leur usine d’épuration. Toutefois, comme les chiffres recueillis à l’usine ne semblaient pas contenir d’anomalies, nous avons contacté la ville de Piedmont pour savoir s’il existait un pollueur d’importance sur leur territoire. Bien qu’elle ait répondu par la négative, la municipalité a récemment mandaté la firme Biofilia pour que celle-ci effectue une caractérisation de la rivière. À terme, cette étude permettra d’isoler les problèmes et de mieux pouvoir les résoudre; le rapport préliminaire sera déposé le 20 août.
Prévost
En ce qui concerne la municipalité de Prévost, il existe une contradiction. En effet, bien que le maire ne considère pas la rivière du Nord comme étant importante, le nouveau responsable de l’environnement, M. Frédéric Marceau, a adopté une approche beaucoup plus proactive depuis qu’il est entré en poste et a déjà mis sur pied un programme d’échantillonnage de la rivière du Nord et de l’ensemble des cours d’eau dans la municipalité. Sur la rivière, ces échantillons seront pris selon une fréquence hebdomadaire tandis que pour les lacs, une fréquence mensuelle sera privilégiée.
L’objectif avoué de M. Marceau n’est pas de régler immédiatement les problèmes de la rivière du Nord, mais plutôt de recueillir suffisamment d’information pour être capable d’établir un « niveau zéro » pour le cours d’eau. Cependant, il ne faut pas croire que cette mesure n’aura que des bénéfices à long terme puisque la municipalité a décidé de fournir à l’administration du Parc régional de la Rivière du Nord les résultats des analyses des échantillons pris à la marina. En effet, comme des activités de location de bateau ont lieu sur cette portion de la rivière, la sécurité est de première importance.