Dossier de l’eau – Réactions d’Abrinord sur la pollution de la rivière du Nord
Un bilan mitigé

Salle de Nouvelles
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Christian Bordeleau, août 2006 – Benoît Gravel, directeur d’Abrinord, est critiqué par plusieurs responsables, dont le maire de Prévost pour son inaction et la lenteur de ses démarches. Abrinord, organisme de concertation, n’a aucun pouvoir pour imposer des modifications aux agissements des divers acteurs de l’eau. En fonction depuis 2003, quels sont les résultats ?

Pour M. Gravel, l’agence de bas- sin versant de la rivière du Nord (Abrinord) est le projet pilote le plus représentatif au Québec: « Nous avons tous les types d’usages qui se font au Québec : la foresterie, le récréotouristique, les plans d’eau, les papeteries, d’énormes développements et de l’agricole. » Lorsque le directeur général est interpellé sur la situation alarmante de la pollution causée, entre autres, par les coliformes fécaux (E. Coli), il avoue que certains paramètres de cette situation sont préoccupants. « On travaille sur le dossier. Ça avance. Nous avons certains éléments de solution.» Il n’a toutefois pas été possible d’avoir de précision quant à la teneur des « solutions », M. Gravel n’ayant pas d’annonce à faire pour le moment.

Sur des cartes tirées d’une étude menée par Abrinord et qui est disponible depuis peu au grand public sur Internet, M. Gravel nous montre les trois stations d’échantillonnages que gère son organisme. «On a identifié des sources et on travaille en partenariat, mais les champs d’épuration domestiques sont aussi problématiques » ajoute-t-il. En effet, nombre de champs d’épuration et de fosses septiques domestiques mis en place il y a quelques années ne répondent plus aux normes actuelles. L’action cumulée du temps –qui finit par rendre l’ouvrage perméable- et celui des produits domestiques tels que l’eau de javel peuvent rendre l’installation inadéquate, sans que cela ne soit visible ou identifiable facilement.

«L’usine de Sainte-Adèle rejette beaucoup, ça devient un cas de santé publique»

Benoît Gravel, qui est détenteur d’une maîtrise en environnement, affirme que l’usine de Sainte-Adèle rejette beaucoup toutes proportions gardées. Il ajoute sans hésiter que ça devient un cas de santé publique. Après que le Journal ait apporté quelques précisions sur la problématique de l’affichage, le directeur a finalement reconnu que les utilisateurs potentiels devraient être informés des risques liés à la pollution fécale: «c’est primordial d’avertir les gens du danger qu’ils courent lorsqu’ils entrent en contact avec de l’eau contaminée. Nous sommes pour que des pancartes soient affichées sur les berges de la rivière » renchérit-il. Il déclare -nonobstant les autres conditions per antea- qu’un des meilleurs incitatifs à la protection de l’environnement est la constatation du coût « économique de la pollution ». «Lorsque l’on baisse le nombre de sédiments dans l’eau, on réduit les coûts de traitement pour les industriels et ils ont moins de résidu à transporter. C’est une économie nette ça. » Il n’aborde pas cependant les coûts initiaux que doivent débourser les industriels pour permettre la « baisse des sédiments ». Rappellons que c’est justement ce coût « initial » qui avait retardé l’installation de filtre anti-particule sur les cheminées de ces mêmes industriels et qu’une législation avait dû être adopté pour régulariser la situation et forcer ceux-ci à « investir » dans la protection de l’environnement.

Lorsque le Journal a insisté pour obtenir une définition de ce que serait une rivière propre, et du même coup, une mission accomplie pour son organisation, il explique que le but est «de retrouver les usages d’antan » et que le moyen d’y parvenir est une action concertée avec les gens du milieu, car « c’est le milieu qui forme Abrinord ». En effet, les principaux responsables « du milieu », tant municipaux que régionaux, ont vite compris qu’Abrinord pouvait devenir «leur meilleur bouc-émissaire politique ».

Rappellons que l’organisme dirigé par Benoît Gravel est un organisme sans but lucratif créé par le gouvernement en 2003 dans le cadre du dévoilement de la politique nationale de l’eau par André Boisclair pour tenter de réunir les acteurs de l’eau afin qu’ils puissent trouver eux-mêmes des solutions aux diverses sources de pollution auquel font face les bassins versant. Ces créatures du gouvernement péquiste, ont reçu le mandat d’accomplir des actions de nature participatives quant à la gestion d’un bien public : l’eau.

Note de la rédaction :

Dans un communiqué que nous publions intégralement plus bas, la municipalité de Sainte-Adèle fait une mise au point concernant le dossier de l’eau publié dans notre édition du 20 juillet 2006.

Nous n’avons pas lors de la publication du dossier, obtenus de commentaires des élus municipaux de Sainte-Adèle. Il n’apparaissait pas nécessaire selon l’éthique professionnelle d’obtenir confirmation des autorités politiques de la Ville à cette étape.

Suite à la parution du dossier, afin d’effectuer un suivi du dossier, nous avons tenté sans succès pendant 10 jours d’obtenir une entrevue des autorités municipales de Sainte-Adèle, une rencontre dûment fixée ayant été annulée à la dernière minute. Bien que peu de détails nous soient fournis sur le règlement du sous-financement chronique des équipements de traitement des eaux usées, tel que discuté dans notre dossier, et sur les travaux qui seront effectués pour rendre ces installations « conformes à de nouvelles exigences », les citoyens de Prévost et Piedmont, en aval sur la rivière du Nord, ne peuvent que se réjouir de ces améliorations éventuelles.

Communiqué(JPEG)

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