Matt Herskowitz dialogue avec Brubeck, flamboyant!

Matt Herskowitz
Gisèle Bart
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Gisèle Bart – Le 19 mars, à Prévost, Matt Herskowitz, un « pianiste et compositeur surdoué », nous proposait un dialogue avec Dave Brubeck, son mentor et ami.

Matt Herskowitz

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En apparence, Matt Herskowitz est un homme très simple, sans artifices, « un gars ben ordinaire » chanterait Charlebois. Au micro, son sourire s’élargit encore pour nous servir d’intéressants éclaircissements sur son mentor et ami personnel, ses œuvres et leurs inspirations, Dave Brubeck. Également, Matt nous parle de lui-même et de la part qui lui revient dans ses propres adaptations et compositions inspirées par Brubeck. Tout cela bien articulé, bien documenté, sans esbroufe, sans tentative non plus de jouer l’humoriste, laissant ce qui leur appartient à Rozon et à ses comparses. Puis, au piano, il jette d’abord dans l’âtre quelques brindilles et « petit bois d’allumage », des intros en majorité très douces qui ne laissent aucunement présager ce qui va suivre. Mais le feu intérieur qui l’anime atteint bientôt ses doigts et, à nos oreilles ébahies, le piano s’allume. On s’attend même à voir ce dernier littéralement s’enflammer sous nos yeux médusés. Enfin, c’est au tour de tout son corps d’alimenter cet incendie, et l’œuvre, quelle qu’elle soit, devient un brasier ardent où il se consume et nous attire. Infatigable, Herskowitz donne tout de lui-même, et encore plus. Son but manifeste est de partager avec nous son incommensurable reconnaissance pour ce cadeau de la vie : l’amitié de Dave Brubeck. Mais pas seulement. En effet, s’il a pour le compositeur une tendresse infinie, c’est d’abord à son œuvre qu’il voue une admiration illimitée. Pour le démontrer, il s’y jette tout entier afin de la faire flamboyer au maximum.

Arrivent enfin ses finales qui se prolongent, se répètent, semblent vouloir s’éteindre… Une dernière étincelle s’échappe des tisons, fine, isolée… suspense… Non, ce n’était pas la dernière… Une deuxième escarbille, puis une autre flammèche, ailleurs sur le clavier, comme si Herskowitz n’arrivait pas à quitter une maîtresse, la Musique.

Jazzman émérite, possédant à la base une solide formation classique, il nous offrira sur un plateau d’argent un ineffable Chopin/Brubeck, Dziekuye (merci, en polonais) ainsi qu’un passage de Mozart, extrait de La marche turque, celle qui, avec Bartok, inspira à Brubeck sa Blue Rondo à la Turk. Virtuose renommé, Herskowitz, pourtant seul au piano, interprétera si brillamment les pièces de Brubeck écoutées maintes fois jouées par des « bands » complets, qu’en fermant les yeux on pourra imaginer sans peine la présence sur scène de plusieurs musiciens.

Ainsi animée c’est une assistance bruyante et surexcitée qui a quitté la salle, un grand sourire sur toutes les lèvres et des yeux illuminés de joie dans chacun des visages.

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