Sorties printanières bien d’ici !

Lyne Gariépy
Les derniers articles par Lyne Gariépy (tout voir)

Lyne Gariepy et Joanis Sylvain – Le printemps, au Québec, est synonyme avec temps des sucres. Mais telle la sève qui coule des érables et nous permet de se sucrer le bec, le travail des réalisateurs et des acteurs d’ici nous permet de nous divertir grâce aux sorties printanières des séries québécoises.

Ce mois-ci, nous vous en présentons deux : l’une plus sombre et les autres sur la nature de l’Homme ! 

IXE-13 et la course à l’uranium 

Série, 2023, espionnage, thriller, historique, Québec, une saison de 8 épisodes de 45 minutes, Club Illico; réalisateur : Yan Lanouette-Turgeon; interprètes : Marc-André Grondin, Julie Le Breton, Vincent Leclerc et Hugolin Chevrette, d’après le feuilleton romanesque de Pierre Daignault et le film de Jacques Godbout. 

Synopsis – Montréal, 1945, quelques mois après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Jean Thibault, alias IXE-13, le meilleur agent des services secrets canadiens est maintenant le propriétaire du Crystal Night Club dans le Red Light. Alors qu’il se remet de ses dures années de service, Jean se retrouve malgré lui au cœur d’une nouvelle opération d’espionnage. D’un côté, les Russes sont à la recherche d’uranium pour la fabrication d’une bombe qui menace l’Occident. De l’autre, un puissant groupe nazi dirigé par Rick Gallaher, un ancien soldat canadien, cherche également de l’uranium pour conquérir le monde.

Ses acolytes-espions Roxane Racicot, Marius Lamouche et Victor Laporte acceptent de l’épauler dans une périlleuse mission : celle d’infiltrer et de démanteler les réseaux de ces conspirateurs avant que l’uranium ne tombe entre de mauvaises mains.

Ciné-fille – Sans faire un mauvais jeu de mots, cette série est une bombe ! Une bonne histoire, une intrigue captivante, d’excellents acteurs ! Et un scénariste de renom, Gilles Desjardins, qui nous a déjà offert Les Belles Histoires des pays d’en haut. Les similitudes entre les deux séries sont multiples : en plus des actrices et acteurs établis, dont Vincent Leclerc et Julie Le Breton, de l’intrigue haletante, et des cliffhangers à la fin de certains épisodes, les plus flagrantes sont le mélange de faits historiques, et de réalisme sérieux, avec une touche de frivolité.

IXE-13 et la course à l’uranium emprunte les codes d’un film noir des années 1940, avec suspense, musique très présente, et clin d’œil humoristique pour alléger le tout. Les costumes sont superbes, très appropriés. Bravo au service coiffures et maquillages pour la justesse de leur travail ! Et les décors, quoique majoritairement intérieurs, sont parfaits ! Mais vous me connaissez, moi et mon appréciation des séries en costumes ! 

Le scénario et les retournements nous gardent intéressés tout au long de la série. Seul bémol : même si cela est historiquement juste, le nombre de cigarettes fumées est essoufflant !  8,5 sur 10

Ciné-gars – Une distribution faite d’actrices et acteurs vedettes du Québec ! Costumes et ambiance d’après-guerre parfaitement dans le ton, avec plusieurs petits objets qui nous plongent dans l’époque. Petit bémol : les décors sont réussis, mais manquent de variété. 

La trame de l’histoire offre des intrigues originales, amenées avec intelligence.  8,5 sur 10

La médiatrice

Série, 2023, comédie, humour, Québec, une saison de 8 épisodes de 10-11 minutes, Tou.tv extra; réalisation : Isabelle Garneau, interprètes : Mylène Mackay, Ariane Castellanos, Maxime De Cotret, Rosalie Bonenfant.

Synopsis – Catherine, médiatrice familiale réputée, conférencière et animatrice, est LA spécialiste de la séparation bienveillante au Québec. Elle guide quotidiennement sa clientèle en instance de séparation vers un divorce harmonieux selon les principes de sa chère devise professionnelle « se séparer ensemble ». 

En couple avec Alex depuis 20 ans, elle a deux enfants avec lui et leur famille « parfaite » suscite l’envie et l’admiration sur les réseaux sociaux. Elle est donc loin de se douter que son prochain dossier sera… son propre couple. Quand Alex la quitte de façon cavalière, Catherine reçoit la nouvelle comme un gros coup. Mais pas question pour cette spécialiste consciencieuse de rater sa séparation ! Même si « se séparer ensemble », c’est plus facile à dire qu’à faire. Sous le choc, elle doit trouver un exutoire pour éviter que son processus de séparation saine déraille et affecte ses enfants et sa carrière. Après un acte impulsif, elle se sent soudainement investie d’une mission qui lui semble dorénavant primordiale : venger les victimes de ruptures injustement traitées, par des moyens pas ordinaires !

Ciné-fille – L’idée de départ m’a tout de suite intéressée : une médiatrice qui se retrouve dans la situation de ses clients et qui, cherchant un exutoire, décide de venger, par des moyens pas très catholiques, les victimes de séparations injustement traitées par leurs anciens conjoints ou conjointes, qu’elle reçoit dans son bureau. Plusieurs acteurs y font une apparition : Christian Bégin, Simon-Olivier Fecteau, Guillaume Lambert, et cela ajoute à l’intérêt de la série. 

L’idée qui propulse La médiatrice, c’est que malgré l’image qu’on renvoie, on ne peut pas toujours être en contrôle de tout. Mais c’est les pertes de contrôle de la médiatrice qui font tout l’intérêt de cette série. Les vengeances sont originales. Le tout avec légèreté et humour. L’histoire est bien amenée, les acteurs sont bons. Mais, malgré l’avantage et la rapidité d’écoute du format d’une dizaine de minutes par épisodes, le désavantage principal est que parfois le spectateur a l’impression de seulement survoler la scène. Il manque un petit quelque chose, un peu de profondeur. Dans ce sens, j’en aurais pris plus.  7,5 sur 10

Ciné-gars – Bonne comédie, avec Mylène Mackay et Ariane Castellanos, qui forment un duo efficace. Le personnage de Catherine, la médiatrice, bienveillante, à qui tout réussit et qui est au top de sa carrière, finit par déraper. Ce qui est intéressant, c’est de la regarder se laisser envahir par sa colère, et qu’au lieu de se venger de son ex, elle se défoule sur ses clients malveillants.

Plusieurs scènes vraiment hilarantes. Série avec une fin bien pensée. 8,5 sur 10

Natures humaines 

Série, 2023, faux documentaire, société, comédie, humour, Québec, Une saison de 8 épisodes de 15 à 22 minutes chacun, Tou.tv; scénario, réalisation : Andréanne Théberge; interprètes : Réal Bossé, Andréanne Théberge, Charli Arcouette, Étienne Blanchette.

Synopsis – Réal Bossé guide trois couples à travers une semaine d’apprentissage en pleine nature. Entre fabrication d’un iglou et orientation à la boussole, ce faux documentaire mettra en lumière le cheminement de six candidats qui explorent bien plus que des techniques de survie. Au fil de cette expérience au cœur de la nature, ils découvriront des facettes inattendues de leur personnalité ainsi que de celle de leur partenaire.

Ciné-fille – Rarement une série aura aussi bien porté son nom : Natures humaines. Et c’est ce qu’on nous présente, la nature de l’humain, chez chaque participant. Et notez le pluriel, car la nature elle-même est très présente. 

Le point de départ du faux documentaire Natures humaines est, qu’après l’expérience de tournage du film Jusqu’au déclin, l’acteur Réal Bossé effectue un virage professionnel et personnel qui l’amène à adopter le même mode de vie que son personnage dans le film, et il commence à donner des formations de survie en forêt. Un trio de couples battant de l’aile forme la première cohorte. Une bonne idée, différente. Le sujet commence par la survie EN couple pour se transformer en survie DU couple !

Les personnages sont bien construits, représentant plusieurs types de personnalité bien réels, et démontrent une belle progression. Le scénario est bien écrit et nous offre de belles surprises. Original et touchant, comme la nature humaine !  8 sur 10

Ciné-gars – Natures humaines porte parfaitement son titre : la série fait ressortir la nature humaine de chaque couple. Le vrai sujet de la série n’est pas la survie en nature. La force de la série, ce sont les couples qui se retrouvent confrontés à leur réalité, une fois isolés dans la nature, hors de leur quotidien.

Scénario intéressant. Bonne interprétation. 7,5 sur 10

print