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Deux bons élèves
Nicolas Michaud – Professeur au cégep de Saint-Jérôme, Joey Leckman s’est entretenu avec le Journal des citoyens dans le but non seulement d’évaluer les compétences, mais aussi de donner les notes aux bulletins scolaires de ses deux autres employeurs-élèves : la Ville de Prévost et la coopération Tricentris.
Dans d’autres pans de sa vie professionnelle, Joey Leckman représente les voix des secteurs Bon-Air et Domaine Laurentien à titre de conseiller municipal à la Ville de Prévost en plus d’être responsable de la gestion du conseil d’administration en tant que président chez Tricentris, la coop. C’est donc en portant ces deux chapeaux que celui qui a été élu comme étant l’un des 94 leaders climatiques par la Fédération canadienne des municipalités (FCM) tenait à relever les relations qui existent entre sa ville et son centre de tri.
A+ pour Prévost, la ville
Le conseiller municipal se réjouit de la bonne gestion des matières résiduelles : « À la Ville de Prévost, de mémoire, ça représente quelque chose comme environ 80 000 $ pour effectuer le tri. Cet argent-là, que la Ville devance, est remboursé par Recyc-Québec par la suite. Donc, il y a un calcul qui est fait : si la Municipalité, elle est bonne, son remboursement va être plus élevé. Nous, parce que nos données sont bonnes, on est remboursé à 101,2 % par Recyc-Québec. » De plus, Joey Leckman croit fermement qu’une grande partie de ce succès doit être attribué à la décision du conseil municipal de hausser la fréquence des collectes de matières recyclables. « Les citoyens en mettent plus au recyclage, donc quand Prévost a passé la collecte du recyclage de deux semaines à une semaine, ça a augmenté la participation », plaide-t-il.
Interrogé quant au choix de la Ville de mandater Tricentris, cet élu prévostois répond simplement : « C’est parce que c’est le plus bas soumissionnaire […] parce que c’est le recycleur le moins cher du Québec… et le plus proche ». Sur ce dernier point, ce détenteur d’un certificat aux études supérieures en environnement à l’Université de Sherbrooke explique que « ce qui revient très cher, c’est le déplacement naturellement : si on envoyait notre recyclage à Gaspé, ben il y a aurait huit heures de camion pour une livraison alors que l’usine de tri la plus près, elle est située à Lachute — qui est Tricentris — donc, c’est le plus près et le moins cher, donc c’est pour ça qu’on est avec Tricentris depuis le début. »
Prévost : des chiffres et des faits
- 80 % et plus des matières recyclées de la population prévostoise sont vendues sur le territoire québécois;
- 100 % du métal, du plastique et du verre prévostois sont toujours vendus dans la Belle Province;
- 100 % du carton prévostois est acheté par Cascades et Kruger au Québec.
A+ pour Tricentris, la coopérative
« Je crois que l’aspect communication de Tricentris est quand même bon : il y a beaucoup d’éducation qui est faite, il y a des pièces de théâtre dans les écoles, il y a des tours de l’usine, il y a Hélène la trieuse [une animatrice scolaire] qui vient chaque année à Prévost à la Journée de l’environnement, qui fait des conférences, qui fait des kiosques », raconte Joey Leckman. Ce dernier souligne également le travail remarquable du gestionnaire des réseaux sociaux de Tricentris qui, dès les premiers confinements pandémiques de la COVID-19, a changé la vocation de la page Facebook de l’organisme pour passer d’environ 5 000 à 64 000 abonnés à ce jour.
En outre, le conseil d’administration de Tricentris avait pris la décision d’accorder la priorité aux ventes locales, et ce, même si cela devait parfois se faire au détriment des revenus. Une décision audacieuse, mais nécessaire, selon son président, puisqu’il importe d’augmenter le pourcentage de ventes locales si la coop souhaite prôner les préceptes du développement durable. En ce sens, Joey Leckman estime que ces nouvelles manières de faire redorent le blason jadis rouillé des centres de tri : « je pense que, ce qui est arrivé historiquement, aussi, c’est qu’on a eu de très mauvais recycleurs […] c’est peut-être pour ça aussi qu’on paraît si bien, c’est parce qu’eux étaient si mauvais ».
Tricentris : des chiffres et des faits
- 7 329 043 tonnes de matières recyclées ont été traitées depuis la fondation de Tricentris en 1997;
- 204 municipalités et clients sont aujourd’hui membres de l’organisme;
- 1998 marque l’année d’ouverture pour l’usine de Lachute, le premier centre de tri Tricentris à voir le jour;
- 75 000 tonnes métriques de matières sont traitées annuellement à Lachute.
« C’est difficile à recycler ? On devrait s’en débarrasser ! »
À ce sujet, cet ancien candidat aux élections fédérales sous la bannière du Parti vert du Canada lance un plaidoyer fortement écologique et propose une vision intégrée et intégrale du recyclage. L’intéressé proclame : « Je crois vraiment que si on veut être impeccable par rapport au recyclage, ben, il faut être impeccable par rapport aux emballages qu’on a […] La seule façon qu’on va s’améliorer et atteindre le 100 % souhaité, ça va être le jour où on va avoir de la matière qui va être facilement recyclable, donc les emballages qui sont très difficilement recyclables comme du styromousse […] quant à moi, ça devrait être des matières qui devraient être interdites à la grandeur de la province ».
Pour mieux illustrer les dilemmes écologiques auxquels sont confrontés les individus dans leur vie de tous les jours, Joey Leckman propose, à titre d’exemple, de penser à du Saran Wrap (la pellicule plastique) : « Si j’achète à l’épicerie un concombre qui est entouré de Saran Wrap, il va durer plus longtemps. Si j’enlève le Saran Wrap, en l’espace de deux ou trois jours, il [le concombre] va se retrouver au compost. Donc, est-ce qu’on veut sauver le Saran Wrap ou on veut sauver le concombre ? Des fois, il faut faire le calcul complet en se disant c’est quoi qui a le plus petit impact sur l’environnement et, parfois, ça implique de jeter des matières organiques. »
Matières résiduelles au Québec : des chiffres et des faits
- 3 % seulement du contenu des sacs à ordures sont réellement des déchets;
- 97 % de ce qui est produit au domicile devrait donc être recyclé ou valorisé;
- 37 % des matières générées sont recyclables;
- 47 % des matières générées sont de nature organique;
- 25 tonnes de matières résiduelles non dangereuses sont produites chaque minute en moyenne.