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Son implication améliore le Québec
Normand Gosselin – Il faudrait presqu’un livre pour décrire cette femme hors de l’ordinaire. Celle qui a connu six carrières au cours de sa vie l’a fait en écoutant ses intuitions et son cœur. Et ce n’est pas fini : pour elle, la retraite n’est pas une option. Chacune doit continuer de contribuer à la société.
Ce qui fait d’elle une personne d’exception ? Très accueillante, ouverte d’esprit, franche, transparente, directe, au point d’être considérée comme étant un « électron libre », car ses valeurs sont non négociables. Sans langue de bois, elle a parlé ouvertement lors d’une émission Enquête, à Ici Télé, et tenait à comparaître à l’enquête de la coroner Géhane Kamel sur les décès de personnes âgées ou vulnérables survenus dans des milieux d’hébergement au cours de la pandémie de COVID-19.
Parcours atypique
Elle a enseigné la musique aux enfants de la maternelle pendant trois ans avant de se tourner vers l’animation d’émissions de télé et le journalisme, période au cours de laquelle elle fut littéralement adulée par des millions de Québécois. Elle a mis un terme à cette carrière en pleine gloire après 25 ans.
Elle a ensuite structuré la Fondation du maire de Montréal, le maire Pierre Bourque désirant remettre son salaire à la communauté. Pendant ce temps, elle fréquente l’université, en communications, où elle obtient une maîtrise, puis un doctorat, et finalement un postdoctorat. Elle a dû passer de la communication orale à l’écrit. Parallèlement, elle se dévoue au service des gens vulnérables : les enfants, les sourds, les ainés, les pauvres, l’aide à l’Afrique, et quoi d’autre encore.
Le Premier ministre Jean Charest l’a nommée présidente du Conseil de la famille et de l’enfance, développant au maximum cet organisme de 2003 à 2007. Elle a été une véritable lobbyiste auprès du Premier ministre et du Conseil du Trésor afin d’obtenir les budgets qui ont amené son « œuvre » à compter jusqu’à 37 employés.
La politique
Chose curieuse pour une femme ayant consacré plus de 12 ans de sa vie à la politique, elle n’aime pas la politique partisane, préférant la contribution de tous les élus. Elle avait bien compris que la politique est une voie de passage pour réaliser des projets d’envergure.
Les étapes : plusieurs partis l’ont sollicitée pour qu’elle se présente sous leur bannière. Robert Bourassa, lui fait le premier une proposition, en 1985. Refus. En 2006, le rusé Jean Charest s’est montré preneur de ses idées : Tayaut ! En quittant son bureau, c’est elle qui lui offre ses services. Peut-on s’imaginer le sourire vainqueur de monsieur Charest ?
Voici quelques aspects qu’elle a influencées ou façonnées :
- loi visant la reconnaissance des proches aidants;
- création du Commissariat aux plaintes et à la qualité des services;
- loi sur la maltraitance envers les aînés qu’elle a fait renforcer;
- possibilité de créer une tutelle pour les CHSLD ne répondant pas correctement aux exigences.
Petite anecdote : lors de sa première campagne, faisant du porte-à-porte dans son quartier d’origine, Pointe-Saint-Charles, à Montréal, une citoyenne sachant que la mère de Marguerite y a enseigné la danse à claquette pendant 43 ans, lui a demandé de lui faire une petite démonstration; sourire fendu jusqu’aux oreilles, elle l’a fait – l’histoire ne dit pas pour qui la dame a voté…
Ses quatre cris du cœur l’ayant amenée à la CAQ : développer l’aide à la proche aidance, développer la gériatrie sociale, ouvrir des maisons Gilles Carle et construire des maisons des ainés.
Marguerite Blais a appris à la dure à composer avec le monde actuel de l’information, qui compte plus de commentateurs et commentatrices que de journalistes. En plus des réseaux sociaux, ces médias sans balises…
Malgré autant d’activités, Marguerite Blais est auteure de trois ouvrages et co-auteure de deux autres. Rien n’indique qu’elle ait fini d’écrire.
Ce qu’elle lègue
L’avenir des ainés est plus agréable grâce à l’action de Marguerite Blais. Les Maisons des ainés constituent un cadeau exceptionnel pour les gens qui doivent quitter leur maison. Lorsque ces maisons seront ouvertes, on pourra constater leur immense différence avec un CHSLD alors qu’une seule personne occupera chaque chambre, sauf que des conjoints pourront y cohabiter.
Avant-gardiste, elle préconise qu’on cesse de traiter les aînés en fonction de leurs pertes d’autonomie et qu’on nourrisse leurs côtés actifs en leur confiant des tâches et leur permette d’exercer leurs talents et leurs passe-temps.
Famille
Ouverte d’esprit ? Elle et son mari ont adopté trois enfants et en ont accueilli deux autres d’Asie ainsi qu’une étudiante de Tunisie, qui, d’ailleurs, est considérée être la quatrième enfant de la famille.
Un jour qu’elle magasinait, quel-ques mois après la mort de son mari, un homme, Daniel, s’est adressé à elle en lui témoignant toute sa compassion, comprenant sa peine, puisque lui-même avait perdu son épouse quelques mois plus tôt. Avec le temps, ils sont devenus un couple. Ça aussi, ça prend une bonne dose de courage; toute personne ayant « refait sa vie » alors qu’il y a des enfants adultes dans la famille, les deux dans ce cas-ci, confirmeront que c’est tout un défi de faire accepter une tierce personne dans la famille.
Pour elle, réduire ses activités c’est simplement le calme après la tempête.