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Un artiste d’une grande générosité a visité Prévost
Sylvie Prévost – Un artiste d’une grande générosité a visité Prévost… Au cœur du Romantisme et au cœur de l’expression des émotions, là s’est situé Maxim Bernard tout au long de ce concert.
La musique de Schumann se caractérise par ses changements d’atmosphère rapides. La Fantaisie op. 17, spécialement dans le premier mouvement, est bien représentative de ces brusques revirements. De la révolte, elle saute à la dévastation, elle traverse des soubresauts passionnés imbriqués dans des passages tendres. L’interprétation, pour assurer la cohésion de cette versatilité, nécessite une grande intimité avec l’œuvre. C’est ce qui frappe d’abord avec l’art de monsieur Bernard. Tout se tient dans ce qu’il joue. Beaucoup de rubato, oui, mais parfaitement intégré au flux du texte musical. On passe d’une ambiance à l’autre sans dureté, presque sans surprise.
La Ballade de Chopin profite aussi de l’immense registre d’expression de l’artiste. Les variations de dynamiques sont subtiles, les respirations parfaitement justes. On sent le feu qui couve, on sent la passion, puis on se détend dans de longues plages calmes et riantes.
Au chapitre des habiletés techniques, l’Impromptu qui a suivi l’entracte a illustré la limpidité des contre-chants. Tous ces arpèges, ajoutés à la partition originale par Liszt, nous les entendions à leur juste valeur, appuyant sans lourdeur la mélodie de Chopin. De même, les deux études qui ont succédé ont été pleines d’effets, jusque dans leurs moindres détails.
J’ai apprécié le fait que monsieur Bernard prenne le temps de se concentrer avant chaque pièce. Le public se place alors en position de recevoir, en mode « écoute ». Le pianiste retrouve ainsi très clairement l’idée du scénario qu’il veut faire entendre. Autant nous avons été apaisés par le Nocturne, autant nous avons entendu venir de loin la cavalerie dans la Polonaise. À tout moment, il maîtrise parfaitement son discours et ne déroge jamais de sa logique interne. De son intimité avec l’œuvre naît une grande fluidité dans le message, dans l’émotion. Tout passe… C’est une immense qualité !
De son propre aveu, il n’a pas beaucoup joué en public ces derniers temps… on sait pourquoi ! Nous souhaitons à tous de l’entendre dans les prochaines années.
Le samedi 24 septembre 2022 : Au cœur du Romantisme – Maxim Bernard, piano
Robert Schumann, Fantaisie op. 17; Frédéric Chopin, Ballade no 1 en sol mineur op. 23; Schubert-Liszt, Impromptu no 3 en sol majeur op. 90, D 899, « Andante »; Franz Liszt, Douze études d’exécution transcendante, « V. Feux follets », « VIII. Wilde Jagd »; F. Chopin, Impromptu no 3 en sol bémol majeur op. 51, Nocturne en mi mineur op. 71 no 1, Polonaise en la bémol majeur op. 53, « Héroïque ».