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Lyne Gariépy et Joanis Sylvain lynegariepy@journaldescitoyens.ca – La crise des 20 derniers mois a eu des effets, parfois inattendus, sur la société. Entre autres, au niveau économique. Alors qu’au pays, l’inflation annuelle s’est établie à 4,4 % en septembre, ce qui représente la hausse des prix la plus rapide depuis février 2003, aux États-Unis le pourcentage a bondi de 6,2 % en octobre, du jamais vu depuis 1990. Certains cherchent alors des moyens de juguler les dépenses. Je vous suggère donc une série et deux films, disponibles sur des plateformes web légales et gratuites.
Miss Scarlet, détective privée (Miss Scarlet and the Duke)
Série, historique, policière, 2020; Grande-Bretagne, Irlande, PBS. Une saison, 6 épisodes de 46 minutes. Sur tou.tv. Par Rachael New. Interprètes : Kate Phillips, Stuart Martin.
Synopsis – Série policière britannique se déroulant dans le Londres des années 1880. Héroïne intrépide et curieuse, Eliza Scarlet préfère enquêter plutôt que d’être uniquement une dame de bonne société. Laissée presque sans le sou au décès de son père, détective privé, elle tente de prendre sa relève. Toutefois, elle ignore les dangers qu’elle devra affronter, en tant que femme, dans une enquête criminelle. À ses côtés, son ami d’enfance, l’inspecteur William Wellington, joueur et coureur de jupons, surnommé Duke.
Critique – Une belle surprise ! Je m’attendais à une histoire d’époque tout ce qu’il y a de convenue. Mais, le personnage de Miss Scarlet, de par son éducation plutôt loin des standards de l’époque pour une femme, amène un vent de fraicheur. La série souligne ainsi l’inégalité entre les sexes et le patriarcat de l’époque.
Les enquêtes, parfois individuelles (d’un épisode), autant que l’enquête globale de la saison, se regardent comme un polar moderne. Après quelques épisodes, l’enquête de fond se développe davantage et complexifie l’histoire. Pour ce qui est de la dynamique entre Miss Scarlet et Duke, c’est le classique amour-haine, mais mené de belle façon.
Les décors sont particulièrement réussis et je suis tombée en amour avec le papier peint du salon d’Eliza ! Le sens du détail pour les objets et les décorations est excellent. Tout comme pour les vêtements. Le souci d’authenticité se retrouve dans le fait qu’Eliza n’a que deux ou trois ensembles, ce qui est très plausible, alors que les vêtements faits main étaient couteux. Pour moi qui aime beaucoup cette époque, esthétiquement, cette série était un peu un deux pour un : c’était comme regarder une série ET flâner sur Instagram en même temps !
J’ai parfois grincé des dents, lorsque les scènes me rappelaient l’injustice que les femmes subissaient à cette époque, du simple fait d’être nées femmes. Par exemple, de voir les hommes prendre le mérite à la place de Miss Scarlet, ou vouloir la reléguer à son salon. C’est frustrant, mais un rappel que, même si l’inégalité entre les sexes existe toujours à notre époque, un long chemin a été parcouru. Très britannique. 8,5 sur 10
Notre-Dame
Film, comédie, drame; décembre 2019; France; 1 h 28 minutes; sur TV5, par Valérie Donzelli. Interprètes : Valérie Donzelli, Pierre Deladonchamps, Virgine Ledoyen.
Synopsis – Maud Crayon remporte de manière inattendue un concours concernant la rénovation du parvis de Notre-Dame de Paris. Cette mère de famille débordée, qui a du mal à quitter définitivement son ex-mari, va devoir trouver la force de gérer cet énorme projet, au budget pharaonique dont tous veulent tirer profit. De plus, elle découvre qu’elle est enceinte de quatre mois et croise à la mairie Bacchus Renard, un amour de jeunesse perdu de vue…
Critique – L’idée de départ était attirante, et originale. De plus, ce film a été un des derniers à être filmé avec la cathédrale Notre-Dame intacte. En effet, le film a été tourné avant, mais est sorti après l’incendie du joyau historique. Alors, regarder un film dont un des sujets est la rénovation de son parvis et le tôlé qu’il soulève, m’attirait; de plus, j’apprécie bien Valerie Donzelli et son positivisme envers et contre tous.
Mais voilà, là où j’aurais voulu voir du dynamisme, j’ai vu un éparpillement. Là où je pensais découvrir de l’originalité, j’ai découvert des invraisemblances et des incohérences. Les scènes semblent trop chorégraphiées. Le ton est faux. Dans un même segment, on passe du drame, d’un décor réel, à un fond noir, à la mode française 1970. D’un extrait documentaire à une chanson. Trop dispersé.
Point positif, les images sont très belles. Un mélange de naïveté et de réalisme. Une belle carte postale de Paris. Belle fin. 6 sur 10
Dans les forêts de Sibérie
Film, aventure; juin 2016; France; 1 h 46 minutes; sur TV5. Par : Safy Nebbou, David Oelhoffen. Interprètes : Raphaël Personnaz, Evgueni Sidikhine
Synopsis – Par besoin de liberté, Teddy (Raphaël Personnaz) décide de partir loin du bruit du monde, et s’installe seul dans une cabane, sur les rives gelées du lac Baïkal.
Une nuit, perdu dans le blizzard, il est secouru par Aleksei, un Russe en cavale vivant caché dans la forêt sibérienne depuis des années. Entre ces deux hommes, l’amitié va naître, aussi improbable qu’essentielle…
Critique – Librement inspiré du livre de Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie raconte la retraite de Teddy, jeune homme en quête d’absolu. Pour l’avoir lu, il y est beaucoup question de fuite loin de la civilisation occidentale et de cette société frénétique ultra connectée. L’écrivain-aventurier y fait l’éloge de la lenteur, de la contemplation et surtout, de la solitude. Or, de solitude, dans le film, il en est finalement peu question. Les confidences et les descriptions détaillées n’étant guère cinégéniques. Le personnage d’Aleksei est donc apparu. Et ce n’est pas plus mal. Car l’histoire est touchante.
Raphaël Personnaz relève le défi de donner à son personnage, souvent sans parole, une identité forte et attachante. Dès les premières images, l’enthousiasme de Teddy face à la magnificence de la nature et les situations extraordinaires qu’il vit nous gagne. Son installation dans la cabane, sa découverte des réalités de la vie en conditions extrêmes, les péripéties qu’il affronte, ses rencontres, nous plongent, par l’émotion, au cœur de cette aventure.
Des paysages d’une rare poésie, qui m’ont donné envie de découvrir davantage le lac Baïkal. 8.5 sur 10