Claude Boyer immortalisé

Claude Boyer immortaliséDominique Boyer, fille cadette de Claude Boyer, Manon Germain, artiste peintre de Sainte-Anne-des-Lacs et Claude Boyer ancien maire de cette municipalité posent fièrement devant le portrait de ce dernier. – Photo : Jacinthe Laliberté
Jacinthe Laliberté
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La peintre Manon Germain a réalisé cet hommage

Jacinthe Laliberté jacinthe.laliberté@journaldescitoyens.ca – Toujours dans le cadre du projet « Hommage aux ainés », du Collectif des artistes des lacs, Manon Germain, artiste peintre, a bien voulu immortaliser Claude Boyer pour perpétuer le souvenir d’un homme, un maître de la politique et un citoyen très connu de Sainte-Anne-des-Lacs.

Attirée par la peinture animalière, Manon Germain s’est très rapidement tournée vers le portrait. Lauréate du prix d’excellence Frida Khalo The Healing Power of Art & Artists, elle pense souvent à sa mère, également artiste peintre, qui fut sa principale source d’inspiration. Manon était, ainsi, la personne toute désignée pour ce portrait.

De solides racines 

M. Boyer soulignera ses 93 ans, en octobre prochain, entouré de ses sept enfants, ses quinze petits-enfants et ses sept arrière-petits-enfants. Sa vive répartie nous fait rire de bon cœur. À part quelques passages dont sa mémoire n’a que faire, Claude Boyer se souvient aisément.

Fier de ses racines, il amorce cette remontée dans le temps, avec ses grands-parents maternels, Valentine LaFrance et Wilfrid Albert Foisy, premières familles de colonisateurs de la région. Il se permet de préciser, ainsi, sa descendance : « C’est par le côté de ma mère, une Foisy, que je suis un descendant de Sainte-Anne-des-Lacs. Certains de mes enfants y demeurent encore ». 

Son père, Benjamin Boyer, né à Piedmont, rencontra Évangéline Foisy à Saint-Anne-des-Lacs et s’établit au lac Marois. Natif de cette partie de la municipalité, M. Boyer y demeure encore. 

Son épouse, Lucille Raymond, fut son bras droit, sa partenaire et la mère de ses sept enfants. De son petit sourire moqueur, il rectifia la question posée : « Ce n’est pas moi qui eut nos enfants, mais ma femme ».

Commerçant un jour, commerçant toujours

Claude Boyer a toujours eu le commerce tatoué sur le cœur. Vendre les légumes de son jardin à 12 ans à une clientèle bien établie et livrer des blocs de glace coupés sur le lac avec son père furent ses débuts de commerçant.

Électricien de formation, il délaissa ce métier pour devenir maçon ce qui le conduisit, plusieurs années plus tard, à ouvrir un commerce de ciment qui devint le magasin Matériaux Boyer que l’on connaît tous pour y avoir fait un petit achat indispensable.

Mais ce magasin a une histoire…

L’interdiction du curé de l’époque à la construction d’une bâtisse devant l’église est à l’origine de ce commerce. Cette interdiction suffit pour voir apparaître un petit kiosque qui subit plusieurs transformations : d’un restaurant où plus d’un citoyen dansa et joua aux cartes à un magasin général et, finalement, au fameux commerce de matériaux de construction.

Sa deuxième vie, la politique

En 1961, Claude Boyer brigua son premier mandat à la mairie en se présentant contre le notaire Raymond Labrèche qu’il a battu par cinq voix. 

Un cancer du côlon le força à se retirer de la politique municipale pendant quelques années. Condam-né par les médecins, il reprit le chemin de la mairie complètement guéri. Au total, 43 années au service de la population le consacrent « maire du plus long règne de la politique municipale » de la région.  

Perdu dans ses pensées, il raconte : « C’était un travail à temps partiel puisqu’il n’y avait pas d’hôtel de ville. On siégeait au sous-sol de l’église ou dans une “shop de bois”. On n’était pas payé à ce moment-là. »

Toute une vie dans un portrait 

Claude Boyer n’est pas un « jaseux ». En riant, il revient sur la demande de Manon Germain de lui faire un portrait : « C’est quoi cela et pourquoi. Je ne l’ai pas dit, mais je l’ai pensé. » 

Fier du résultat, il se trouve beau. Un souvenir lui revient : «  Moi aussi, je dessinais. »

Manon, l’artiste peintre, a acquiescé facilement à la demande d’une des filles de M. Boyer de lui faire des beaux yeux bleus. Et pourquoi pas ? Les yeux sont des éléments qui l’ont toujours fascinée. Se servant de la technique des « yeux maîtres », elle explique qu’au travers des yeux, elle essaie de voir la nature du personnage. 

De toute évidence, la peintre a su, grâce aux techniques utilisées, faire ressortir toute la force qui transcende de M. Boyer, force que l’on peut attribuer à son métier de maçon et, plus spécifiquement, à sa vie de maire.

Le portrait qu’on lui remettra, lors d’une exposition prévue en septembre, trouvera une place d’honneur au côté des toiles de ses grands-parents paternels et maternels ainsi que de celui de sa tendre épouse qui l’a quitté il y a plusieurs années. 

Sous le couvert d’une peinture, le portrait de Claude Boyer sera aussi un héritage laissé à la population de Sainte-Anne-des-Lacs.

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