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L’incarnation d’une sagesse spontanée
Jacinthe Laliberté jacinthe.laliberté@journaldescitoyens.ca – Après une absence fortuite, il était d’importance de reprendre l’hommage aux ainés de la municipalité de Sainte-Anne-des-Lacs, et ce, particulièrement, dans la foulée du projet du Collectif des Artistes des lacs ainsi que du 75e de la Municipalité.
Dès les prémisses du projet, l’artiste peintre Philippe Faucher avait déjà jeté son dévolu sur cet ainé qu’il croisait à chaque séance du Conseil. Le connaissant quelque peu, le peintre se l’était réservé. Ce qui lui plaisait en M. Crispin, c’était le quant-à-soi spontané qui se dégageait de lui.
D’une simplicité déconcertante, Gilles avoue que d’avoir un portrait de lui n’avait jamais été une priorité : « M. Faucher avait besoin d’un modèle. Je lui ai dit qu’il n’avait pas de permission à me demander. »
Dans la lignée des premiers descendants
Une rencontre avec M. Crispin nous assure d’un voyage dans l’histoire de la Municipalité de Sainte-Anne-des-Lacs. Cet Annelacois célèbrera ses 80 ans en novembre. Conteur né, fier de ses origines, il transforme inévitablement une séance photo ou une simple rencontre en cours d’histoire.
D’un petit sourire moqueur, relevant aussi précisément qu’un guide touristique les faits historiques de cette époque, il se transporte facilement en 1849, année où se déroula la révolution des Patriotes à Saint-Eustache. Il relate l’acquisition d’une ferme par son arrière-grand-père Paquin, ferme qui provenait de la seigneurie des Mille Iles. D’ailleurs, son aïeul y est demeuré pendant près de 70 ans.
Ses parents, Rosario Crispin, marié à Éliane Laroche, une autre famille importante de la municipalité, sont venus s’établir en 1946 à Sainte-Anne-des-Lacs, la journée même où ce petit village devint une Municipalité distincte en se dissociant de Saint-Sauveur.
Fort d’une expérience dans différents domaines, il a travaillé, pendant onze ans, pour la Municipalité comme inspecteur municipal, tout comme son père le fut de 1946 à 1960.
La politique était dans sa culture, dans ses gênes et elle l’est encore. Il faut l’entendre donner son opinion sur diverses décisions du Conseil pour le réaliser. Il siégea au Conseil, tous mandats confondus, pendant près de dix-neuf ans.
À l’aube de ses 80 ans, il continue à travailler à la ferme de son arrière-grand-père, et ce même si elle n’est plus habitée. Loin de vouloir s’en départir, il la considère comme son point d’ancrage.
Du point de vue de l’artiste peintre
« S’il y a un mot dans le texte, que j’aimerais lire, c’est le mot authentique », de dire Philippe Faucher. Ce qui compte quand un artiste fait un portrait, c’est de retrouver l’authenticité de la personne, le reste est très secondaire.
D’ailleurs, il s’attarde principalement au regard que posent les autres sur la peinture, le regard du modèle, celui de sa sœur, des gens qui l’ont vu. L’important est qu’au-delà de reconnaître les traits, ils ont reconnu la personne.
La perception que le peintre a de son modèle est primordiale. « Je perçois Crispin comme quelqu’un de serein. Il accepte ce qui arrive, il contemple beaucoup. J’ai voulu peindre le Crispin vigoureux, le monsieur qui a vécu très proche de la nature, du lieu de sa naissance, de l’endroit où ses parents ont vécu. Aujourd’hui, il en est fier et heureux ».
Du point de vue technique, Philippe assure que la cohérence est ce qui est le plus dur à obtenir dans un tableau. Il faut, selon lui, que les couleurs, les formes, les traits, soient liés. Certains petits trucs de peintre définissent souvent l’ensemble d’un tableau. Par exemple, la petite tache rouge en bas à gauche, ou le triangle bleu perçu à l’arrière peuvent attirer l’attention sur des endroit qui n’existe pas dans la réalité.
Crispin, affectueusement nommé ainsi par l’artiste peintre, lui semble être l’incarnation de cette sagesse spontanée qui consiste à dire : « Je suis là, j’appartiens à ce territoire, j’y ai fait ma vie et j’y suis confortable ». Et c’est cela qui lui plaisait.
Une exposition en cadeau
Ce portrait n’orne toujours pas les murs de la maison de Gilles Crispin. Ce dernier préfère attendre de le recevoir lors de l’exposition prévue par le projet initial. Tous, d’ailleurs, espèrent qu’elle aura lieu comme prévu en septembre, au Centre communautaire.
En homme sage que lui confère son âge, il a cette dernière pensée : « Je ne prends pas ce portrait comme un hommage. L’idée est bonne parce qu’on a eu une preuve que les ainés qui sont placés en CHSLD, n’étaient pas si bien que ça. Il est important de reconnaître le rôle des ainés dans la structure d’une Municipalité. »