Ne me cueillez pas

CFPR - Journal des citoyensÉrythrone d’Amérique – Photo : Louise Guertin
Valérie Lépine
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Ces petites merveilles qu’il faut laisser là!

Valérie Lépine – Peu de temps après la fonte des neiges, les fleurs printanières commencent à égayer la forêt. Certains auront envie de cueillir ces petites merveilles. Ce geste est très humain – qui ne voudrait pas s’approprier la beauté ? -, mais il faut absolument apprendre à s’en abstenir.

« Ni cueillir, ni transplanter, ni modifier son habitat »

Ce leitmotiv se retrouve dans chacun des articles concernant les fleurs de sous-bois dans l’ouvrage Flore printanière de Gisèle Lamoureux. C’est dire comment ces fleurs sont fragiles. Les trilles, érythrones, maïenthèmes, sanguinaires, trientales et autres espèces de la flore forestière québécoise ont une croissance très lente. Leur bulbe (ou rhizome) prend environ 10 ans avant d’accumuler assez d’énergie pour fleurir. Pour la même raison, elles ne se répandent pas facilement – le bulbe prend du temps avant de pouvoir se dédoubler. Et depuis la colonisation européenne, il y a plus de 400 ans, ces fleurs, qui ne survivent qu’en forêt, ont vu leur habitat de prédilection se réduire considérablement.

Pour qui serait quand même tenté de les cueillir, il est à noter qu’un bouquet de fleurs printanières pourrira très rapidement. Contrairement aux fleurs qui poussent durant l’été et à l’automne, les fleurs qui apparaissent dès le mois d’avril dans la forêt sont gorgées d’eau. Tirées de leur milieu naturel, elles fanent en quelques minutes. Le trille rouge en plus de faner émet une odeur pestilentielle. 

Question d’altruisme

La fin de semaine, il peut passer des centaines de personnes dans la Réserve naturelle du Parc-des-Falaises. Imaginez si tout un chacun décidait de cueillir une fleur ! Le sous-bois serait vidé de sa flore et bien des promeneurs ne pourraient plus profiter de ses charmes. De plus, certains animaux, comme le chevreuil, se nourrissent de ces plantes. Elles leur apportent des éléments nutritifs qu’ils ne retrouvent probablement pas dans d’autres végétaux.

Souvenirs et identification 

À la lumière de ce qui précède, ceux qui voudront garder un souvenir de leur balade en forêt auront tout avantage à se servir de leur appareil photo ou de leur cellulaire pour capter la beauté de la flore printanière. 

Pour identifier les fleurs observées, il existe des applications mobiles gratuites qui peuvent être installées sur un téléphone cellulaire. Pl@ntnet et Picture this sont deux applications de reconnaissance automatique de la flore par photographie. Quebec Wildflowers est une autre application exclusivement consacrée à la flore du Québec. Elle ne fonctionne pas par reconnaissance photo, mais plutôt par filtres (couleur, habitat, nombre de pétales, etc.).

Il y a enfin des sites web qui peuvent aider à l’identification des fleurs du Québec. En voici deux : fleursduquebec.com et floreduquebec.ca/index.php.

*Cet article est basé en grande partie sur les informations que le botaniste Denis Paquette a bien généreusement transmises au Journal lors d’une entrevue.

À propos du CRPF

Le Comité régional pour la protection des falaises œuvre depuis 2003 pour la protection et l’utilisation écoresponsable d’un territoire de 16 km² doté de caractéristiques écologiques exceptionnelles et s’étendant derrière les escarpements de Piedmont, de Prévost et de Saint-Hippolyte.– www.parcdesfalaises.ca

Bouquet de trilles blancs jeté le long d’un sentier – Photo : Denis Paquette
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