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Anthony Côté – Je croyais avoir tout vu dans la délinquance des randonneurs en raquettes.
Retour sur la fin de semaine du 29 février où nous avions reçu une abondante chute de neige durant la semaine. Beaucoup de neige! Samedi matin, j’enfourche donc ma motoneige pour aller damer les pistes de ski de fond dans la forêt Héritage. La neige est poudreuse, profonde et légère. J’anticipe avec plaisir ma randonnée de ski qui suivra.
Sur une portion du parcours, je rencontre un groupe de raquetteurs qui circulent en bordure du sentier de ski, hors des pistes officielles. « C’est notre piste personnelle… », me répond-on pour excuser cette délinquance. Petit problème, les amis ! Des cartes officielles ont été créées pour éviter que les randonneurs se perdent en forêt. Votre sentier « personnel » ne fait qu’embrouiller les marcheurs/ raquetteurs. Ceux-ci risquent de se perdent ou, du moins, de stresser inutilement avant de trouver un point de repère. De plus, ce sentier hors-piste longe le sentier de ski de fond. Mon expérience de 27 ans d’entretien des sentiers de ski de fond m’a appris que d’autres raquetteurs délinquants pourraient être tentés de déborder dans les sentiers de ski de fond. Le groupe délinquant a semblé accepter mes doléances.
Je complète le damage des sentiers, mais reporte au lendemain ma tournée de ski. Dimanche, journée magnifique, je pars en ski de fond avec ma douce. Les conditions sont idéales. Quel bonheur ! Par contre, ce qui devait arriver arriva. Sur une portion de la piste Mauve, là où j’avais rencontré les raquetteurs délinquants la veille, nous croisons un groupe de jeunes asiatiques : une douzaine de jeunes adultes, tous habillés de « canadiennes » noires. Ils ne parlaient ni la langue de Molière ni celle de Shakespeare. Ils marchaient dans… le sentier des raquetteurs délinquants en enfonçant jusqu’aux mollets. Les plus futés du groupe sautaient dans le sentier de ski de fond juste à côté, car celui-ci semble plus ferme. Peine perdue, ils défonçaient aussi. Petit détail : ils sont tous chaussés de leur… « running-shoe ». Eh oui, ils étaient chaussés de belles espadrilles blanches. Ils ont tous regagné le sentier délinquant et ont dû se résigner à poursuivre leur route jusqu’à un endroit où ils auraient pied. Va sans dire que le sentier de ski et le sentier délinquant en ont pris pour leur rhume sur une bonne distance. Désolation partagée par d’autres randonneurs rencontrés qui n’en croyaient pas leurs yeux (et qui s’étaient engagés eux aussi dans le sentier délinquant !). Un petit bout de sentier « personnel » qui a provoqué bien des soupirs.
Fort de mon expérience en entretien des sentiers de ski de fond, je peux confirmer deux choses :
Premièrement, les cartes des sentiers existent pour être respectées en hiver comme en été. Avec un objectif de protéger le milieu naturel tout en créant une quantité de sentiers « limitée », les randonneurs ne peuvent se donner la permission d’aménager d’autres sentiers dits « personnels ». Pourquoi ? L’hiver, pour ne pas compromettre le réseau tel qu’aménagé et présenté sur les cartes et pour respecter la distance établie entre les sentiers de ski et de raquettes. L’été, c’est pour protéger la flore. De plus, ceci suppose qu’un randonneur en raquettes reste dans le sentier déjà tracé, qu’il ne piétine pas à côté du sentier existant. Si c’est l’expérience de marcher dans la neige vierge qui vous habite, soyez les premiers à sortir après une chute de neige pour ouvrir la piste… à l’endroit désigné bien entendu. Soyez conscient que vous laissez des traces et que le randonneur suivant peut interpréter ces traces comme le « chemin » à suivre.
Deuxièmement, une piste de raquettes trop près d’une piste de ski de fond prédispose à certaines délinquances de la part des raquetteurs.
J’aime tracer les pistes de ski de fond. Je le fais avec l’anticipation de la randonnée de ski que je ferai après. Chaque ondulation du terrain est une promesse de plaisir en ski dans le silence de la forêt. Par contre, la délinquance de certains usagers me donne des boutons tant il m’est incompréhensible que l’évidence reste encore invisible aux yeux de certains usagers des sentiers.