Boulangerie Merci la vie

Merci la vie - Journal des citoyens de PrévostAlbert Elbilia et Johanne Martineau – Photo : Michel Fortier

Une fusion de talents

Marie-Claude Aspiro – L’endroit est bondé de clients repus et satisfaits en ce froid midi de février. Le personnel compétent est affairé, papillonnant d’une table à l’autre avec calme et bonne humeur. Malgré l’activité et l’achalandage, la co-propriétaire m’accueille avec un sourire et m’invite à prendre place à l’une des rares tables qui sont encore libres. S’ensuit un récit teinté de passion et de gratitude envers la vie.

Johanne Martineau et Albert Elbilia sont copropriétaires de la boulangerie Merci la vie qui a vu le jour fin 2015. Ils viennent de milieux très différents, ils ont chacun leurs talents, Johanne Martineau, les relations humaines et Albert Elbilia, les arts, ils sont complémentaires et ils ont une passion commune : la bonne bouffe avec de bons produits !

De leur union et de leurs aptitudes découle un lieu de rencontre inédit, où l’expérience des sens prime autant que le besoin primaire de se nourrir. « Si les gens viennent chez Merci la vie simplement pour manger, je considère ça comme un échec », affirme la copropriétaire de cet établissement de renom, récemment déménagé à Piedmont. Son but premier est ainsi de nourrir non seulement le corps, mais aussi l’esprit.

Coach de formation et conférencière de métier, Johanne Martineau a passé la première moitié de sa vie professionnelle à œuvrer dans le domaine des relations humaines, notamment à aider les familles. L’être humain est non seulement le fondement de son entreprise, mais également de son existence. En plus d’aimer passionnément l’humain, elle respecte la nature au plus haut point et promeut la santé dans tout ce qu’elle fait.

Albert Elbilia, est un créateur, en tant que directeur artistique dans une vie précédente, il a œuvré sur la scène internationale (photos de mode, de cuisine, un remarquable artisan des arts graphiques) pour différents types de médias. En passant à la boulangerie, vous pourrez d’ailleurs feuilleter son livre, Boulange et boustifaille, qu’il a d’ailleurs entièrement réalisé. En effet, c’est lui-même qui a produit tout le contenu, des textes aux photos en passant par la mise en page et l’édition.

Si le livre est indéniablement une belle œuvre, ce qui a dès le départ distingué cette entreprise c’est une passion pour le pain et une manière de faire. Albert a poussé l’art de la fabrication du pain à des niveaux inégalés. Pousser la fermentation à 72 heures c’était déjà audacieux, mais la pousser au-delà de 160 heures aurait pu passer pour une simple facétie d’artiste si ce n’avait été du résultat obtenu. Albert découvrit que plus le pain fermente plus la glycémie baisse et le gluten s’affaiblit de jour en jour. En 10 jours (240 heures) de fermentation, on obtient un pain avec pratiquement pas de gluten. C’est plus facile à digérer même pour les gens qui souffrent d’une intolérance au gluten. Ce pain permet une meilleure conservation et les sucs à la surface caramélisent à la cuisson et favorisent une meilleure étanchéité. Pour Albert, la créativité ça veut dire oser sortir des sentiers battus et maintenir une exigence inconditionnelle sur la qualité, le goût et la présentation.

Pour Johanne, sa conjointe, « Albert est un homme coloré et intense et il faut savoir comment le prendre. Moi, je sais. », affirme-t-elle. En effet, les deux partenaires d’affaires forment également un couple depuis 10 ans. Ils constituent une famille recomposée qui inclut cinq enfants. La cadette est maintenant âgée de 6 ans.

Selon la femme d’affaires, ses compétences en développement personnel les aident à composer non seulement avec les aléas personnels, mais également professionnels. « C’est un fait, être partenaires en affaires, en plus de partager nos vies, peut-être très exigent. Mais je nous sais bien outillés pour traverser toutes les épreuves. » Au fil des ans, ces deux êtres ont développé une complémentarité à divers niveaux. Par exemple, Johanne permet la réalisation des idées et Albert crée l’image pour bien l’exploiter. 

Plus qu’une boulangerie, une destinée

Johanne considère qu’une série d’épreuves l’a menée où elle est aujourd’hui. En effet, à une époque, la vie était beaucoup moins reluisante, semée de problèmes de toutes sortes. Elle en est même venue à amener sa fille au travail. Maman donnait sa conférence, alors que bébé dormait dans son siège en coulisse.

Puis un soir, sur le chemin du retour, la petite requiert toute son attention, elle doit donc s’arrêter. Cet arrêt, sur le futur site de la boulangerie, a marqué le début d’une belle histoire… une vision qui est devenue réalité.

C’est le 8 novembre 2015 que la Boulangerie Merci la vie a ouvert ses portes à Prévost. Le même jour, exactement quatre ans plus tard, ils ouvrent le restaurant de leur rêve, mais à Piedmont. Pour Johanne ce n’est pas un hasard, c’est l’expression d’une volonté folle, mais assumée, de concrétiser l’aventure humaine et artistique de l’entreprise.

Ayant adopté les Laurentides depuis une quinzaine d’années, Johanne et Albert ont su bâtir un commerce et une équipe à leur image. La trentaine d’employés est triée sur le volet, d’abord en raison de leur attitude, puis de leurs aptitudes. En retour, ils profitent d’une belle qualité de vie et d’un lieu de travail enrichissant, des valeurs incontournables aux yeux de ces entrepreneurs.

Et la cuisine dans tout ça ?

Johanne et Albert ont une passion commune pour les bons mets et les produits de qualité. Ils se sont rencontrés alors qu’elle était serveuse, lui cuisinier. Au début, Albert se contentait de faire du pain. Mais rapidement, la demande a dépassé ses capacités de production. C’est ainsi qu’elle s’est jointe à lui sur un plan professionnel et qu’ils ont décidé d’exploiter leur passion et d’en partager les fruits avec d’autres personnes et des clients.

Si Merci la vie est d’abord un restaurant, c’est aussi une pâtisserie et une boulangerie. Les plats qu’on y déguste ont été créés par Albert et un collègue hollandais, Jesse Huijnen, les produits utilisés sont bios et les ingrédients proviennent le plus souvent d’exploitations locales. Un repas Merci la vie, c’est un mélange santé de Johanne combiné à la créativité d’Albert.

Bien installée dans ses nouveaux quartiers, la boulangerie a de beaux projets pour les mois à venir. En plus d’un menu variant au gré des saisons et de futurs ateliers culinaires proposés par des chefs invités, les clients pourront profiter du beau temps en cassant la croûte sur une belle terrasse et déguster les plats créés avec des ingrédients provenant de leur propre potager adjacent, et cela dès cet été.

print