Bears of Legend

David Lavergne, Lyne Gariépy (votre Journaliste), Christelle Chartray et à l’arrière, Jacynthe P. Morand, Guillaume Grenier, Claudine Roy, Jean-François Grenier. – photo Joanis Sylvain
Lyne Gariépy
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Méditatif, cosmique et magique !

Lyne GariepyLe 8 mars dernier, le septuor Bears of Legend se produisait sur scène au théâtre Gilles-Vigneault. Le groupe, coriginaire de la région de Trois-Rivières et qui a présenté sa musique un peu partout dans le monde, dont la France, l’Allemagne et les Pays-Bas, a su rapidement gagner le public Jérômien, composé de fans fidèles et de gens qui le découvraient. Si on se fie aux réactions dans la salle, les gens ont beaucoup apprécié le spectacle, tout comme moi!    

Le collectif, dont la musique, s’il faut la classifier, est un mélange de folk et de rock, mais aussi de classique et parfois de rock progressif, nous donne souvent l’impression de voyager, que ce soit dans le temps avec des rythmes autochtones, ou géographiquement, en nous transportant en Irlande le temps d’une mélodie. Il nous présentait son troisième album en 7 ans, A Million Lives. Alors que les deux premiers opus, Good Morning Motherland et Ghostwritten Chronicles étaient un peu plus folkloriques, A Million Lives est plus rock, plus aérien, plus accessible. Chacun des albums semble avoir un thème porteur : notre bagage folklorique pour Good, et l’eau pour Ghoswritten. Pour A Million Lives, l’histoire universelle d’un couple mythique à la Adam et Ève, celle de tous les couples. Musicalement, leur évolution semble naturelle et cohérente.

Mais des liens demeurent entre chaque album : le côté planant de certains morceaux, la spiritualité, les harmonies, tant vocales que musicales, et tout le cœur que chacun des membres met dans sa musique. Je prendrai ici le temps de nommer les musiciens qui composent Bears of Legend, car chacun fait un superbe travail, et mérite d’être reconnu. Au chant, avec une très belle voix, à la guitare et au ukulélé, David Lavergne. Au clavier, Claudine Roy. À l’accordéon, xylophone et autres, Jacynthe P. Morand. Au violoncelle, Christelle Chartray, à la basse-contrebasse, Jean-François Grenier, à la guitare Guillaume Grenier et Francis Perron à la batterie.

C’est sur une scène décorée avec un visuel qui leur est propre, création d’Étienne Millette, et qui ajoute à l’expérience, que les musiciens nous ont offert une excellente performance. Dynamique, rassembleuse, et sincère. Claudine et David nous ont présenté les pièces y allant d’anecdotes sur leur histoire. – Racontant leur début en tant que groupe, alors qu’ils se retrouvaient dans un dépanneur désaffecté pour jammer chaque semaine, pour le plaisir, sans prétendre à la célébrité, comme certains jouent dans une ligue de hockey amateur. – Décrivant le contexte de la création des chansons que David a écrites pour son amoureuse et la naissance de leur troisième enfant (miracle). Ces histoires en préambules étaient touchantes et intéressantes, à la hauteur des morceaux qui suivaient. Bref, un spectacle qui comble notre cœur, nos yeux, autant que nos oreilles.

Voici l’entrevue que m’a gentiment accordé David Lavergne, afin de vous faire découvrir davantage leur univers.

Lyne : Comment décririez-vous votre style? – David : On a un style assez unique, et on a de la difficulté à se définir On n’aime pas se limiter à un style, on aime mieux explorer plusieurs genres. Le côté positif, c’est qu’il peut y avoir un style différent à chaque album : Planant pour le premier, métaphorique-rustique pour le deuxième, et le dernier est plus méditatif, cosmique, magique.

À sept dans le groupe, vous devez aimer plusieurs styles musicaux. Quel est votre point commun? – Le folk rock des années 1970. Sur la playlist il y aurait du rock progressif et de la chanson 1970. Sur cette époque, il y a l’unanimité. Ensuite, plus on avance dans le temps, plus chacun a des niches précises de préférences, et on s’éloigne du goût commun.

Si je veux jouer un artiste qui plaira à tous dans le groupe, je mise sur qui? – Les Beatles et Simon and Garfunkel.

Quel est votre processus de création? – Longtemps, ça été moi qui arrivais devant le groupe avec une chanson déjà écrite. Les sujets pouvaient être mes expériences de vie personnelles, car écrire me permet de mettre des lunettes sur mes expérience émotives, l’amour, la vie, la mort, les questionnements d’un trentenaire. Ensuite, les autres musiciens ajoutaient leurs propres touches.

Maintenant, on écrit plus en gang. Il y a 7 musiciens talentueux et un public fantastique et ouvert, ce qui nous permet de créer en toute liberté. Ce qui nous a donné un album plus éclectique. Les textes restent de moi, mais l’idée de base peut venir de tous les membres.

Qui tranche lorsqu’il y a un conflit créatif? – Moi, par défaut, mais les décisions se font majoritairement de façon organique, sans conflit.

Quels sont les avantages d’être un collectif de 7 musiciens? – Ça fait un ‘’christi’’ de bon show! On ne laisse personne indifférent. Et dans une époque où la tendance est aux duos, la faute aux coûts élevés de déplacer un groupe de plusieurs membres, on se démarque.

Les désavantages d’être un collectif de 7 musiciens? – C’est plus lourd à transporter, et ça coute cher, particulièrement en Europe. C’est plus de gestion aussi. J’ai tendance à dire que nous ne sommes pas seulement 7 membres d’un groupe, mais 7 familles. Depuis la formation du groupe, on a accueilli 10 bébés dans nos vies.

D’ailleurs, à quoi ressemble la conciliation travail-famille pour Bears of Legend? – C’est de la communication à 100 %, pour que chacun soit bien et à l’aise. Par exemple, c’est la troisième grossesse de Christelle avec le groupe, et on en discute, pour qu’elle ait les meilleures conditions possibles.

Ce qui alimente ta créativité? – Ma vie, mes expériences, les gens que j’aime, mes questionnements.

Ce qui tarie ta créativité? – L’aspect technique, le côté business de l’industrie de la musique. Ça me bloque. Mais comme on est 100 % indépendant, on en a les avantages et les inconvénients.

En date d’aujourd’hui, ta plus grande fierté en lien avec le groupe? – Me retrouver dans des endroits que l’on n’a jamais vus, jamais visités. C’est des avantages collatéraux. Dernièrement, on est allé aux Pays-Bas, et ces opportunités me rendent fier.

En date d’aujourd’hui, le plus grand échec du groupe? – Définitivement le lancement du deuxième album, Ghostwritten Chronicle. On n’avait pas entendu le célèbre « stand-by 5 minutes » qui nous pousse hors des loges vers la scène. Tout ce qu’on a entendu c’est «Mesdames et messieurs, Bears of Legend! ». Les lumières s’éteignent et notre intro démarre. À ce moment précis, les filles étaient encore au maquillage et de mémoire, j’étais aux toilettes. On n’était clairement pas prêts. Alors, Claudine a crié : ‘’J’suis pas prête!’’. Je suis donc allé parler aux spectateurs pendant que les autres se préparaient, mais comme on avait une grosse trame pour entrer, l’effet de surprise est tombé à l’eau!

Petites ou grandes salles? – Définitivement des petites salles, c’est plus intime, meilleur pour l’ambiance.

Périodes de tournées ou de créations? – Création. J’aime donner des spectacles, mais les tournées, c’est épuisant. Il y a peut-être seulement Claudine qui arriverait à faire une année entière de spectacles.

Votre chanson de Bears of Legend que tu préfères? – Miracle, une pièce à propos de mon gars. Elle a été écrite en gang. Les paroles sont de moi, mais l’idée vient de Guillaume, et le piano de Claudine.

La chanson d’un autre artiste que tu aurais aimé écrire? – Joga de Bjork.

Tes influences musicales à toi? – De tout. De The cure à Bjork, en passant par Bright Eyes, Simon and garfunkel, et de la pop actuelle comme Arianna Grande! J’ai écouté beaucoup de punk rock plus jeune, donc NOFX, Green day aussi.

Un artiste que tu aurais aimé rencontrer? – Bob Dylan.

À quelle époque aurais-tu aimé vivre? – Avec le groupe, clairement les années 1970. Personnellement, c’est dans le futur que j’aimerais vivre. Pour avoir des réponses à mes questions, entre autre sur la vie et la mort. Disons dans 400-500 ans. La science est encore jeune, et peut-être que d’ici là, ils auront éclairci le mystère.

Merci David. Les Bears of Legend seront en spectacle à Ste-Thérèse le 11 mai.

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