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Critique Amal’Gamme – Charles Richard-Hamelin, pianiste
Sylvie Prévost- Un public nombreux était au rendez-vous pour ce concert de soutien à Diffusions Amal’Gamme. Un succès, tant du point de vue de l’assistance que de celui de la musique.
En effet, Charles Richard-Hamelin a été éblouissant et nous avons tous été saisis par sa musicalité et la qualité de sa présence au piano. Un silence religieux en a fait foi : voici un pianiste qui force l’attention, qui communique d’âme à âme.
La Fantaisie en ré mineur fut déjà éloquente quant aux facultés d’expression du musicien. Le thème énoncé sans enflure, l’interprétation extrêmement soutenue et sous-tendue par une vision aussi large que détaillée de l’ensemble, ont conféré à la pièce une intériorité que l’on entend peu souvent.
Ont suivi quatre impromptus de Chopin, composés chronologiquement assez loin les uns des autres. L’évolution du compositeur, de la vivacité de la jeunesse à la profondeur de la maturité, a eu pour résultat une musique de plus en plus recherchée et nuancée. Cette trajectoire, on l’a vue parfaitement dans le jeu clair, à la pédale discrète, de Richard-Hamelin. Le parfait équilibre des voix a été remarquable.
Samedi 3 juin 2017 : Concert-bénéfice avec Charles Richard-Hamelin
A. Mozart : Fantaisie en ré mineur K. 397; F. Chopin : Quatre impromptus : No 1 en la bémol majeur op. 29, No 2 en fa dièse majeur op. 36, No 3 en sol bémol majeur op. 51, No 4 en do dièse mineur « Fantaisie-impromptu »; A. Babadjanian : Élégie, Prélude et Danse Vagharshapat, Impromptu, Capriccio; R. Schumann : Grande Sonate No 1 en fa dièse mineur op. 11.
Le pianiste nous a ensuite présenté un compositeur nouveau sous notre ciel : Babadjanian (1921-1983). Inspirée par le folklore arménien, sa musique en retient les jolies mélodies et la facture moins complexe, mais non moins savante, marquée par les modes du Moyen-Orient. L’Élégie est une pièce pleine d’émotion. Les syncopes, l’agitation, les variations dans l’intensité impriment toute la joie de la danse à Prélude et Danse Vagharshapat. L’ensemble évoque des chants rapidement développés où se profile une âme simple et intègre sous l’assaut des aléas. Une belle découverte, mise à notre portée par un pianiste convaincant.
Au retour d’entracte, Richard-Hamelin nous a donné les principales clés de la Grande Sonate. Il a ensuite parfaitement rendu les aspects dramatique et narratif de cette pièce que l’on entend rarement. Un foisonnement de protagonistes se sont exprimés sous ses doigts dans un déploiement étonnant de nuances. En rappel, l’Arioso de J.-S. Bach, dédié aux victimes de l’attentat de Londres, était un véritable baume, délicat et touchant.
Richard-Hamelin se démarque tout spécialement par un grand sens du scénario. Il a une idée claire et précise de ce qu’il joue, il sait où il va, pourrions-nous dire. Mieux encore, il possède tous les moyens utiles pour nous y amener avec lui, sans les excès auxquels se livrent certains – autant d’accrocs à l’authenticité. Il a aussi une densité de présence sur scène qui est rare. Ces grandes qualités sont appuyées par une technique sans faille et sans compromission. On le sent bien préparé, on constate qu’il a parfaitement apprivoisé le piano avant le concert et il livre la marchandise pour notre plus grand bonheur.
Sa carrière démarre en trombe… Souhaitons maintenant qu’il garde le cap et la tête froide!