Ritalin un jour, Ritalin toujours ?

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Danielle Laroque, kinésiologue – Selon le quotidien La Presse, la province de Québec est la championne canadienne de la consommation de Ritalin et autres médicaments contre le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité, appelé le TDAH. Depuis cinq ans, le nombre de ces comprimés distribués au Québec a bondi ; de combien selon vous ? …de 56 % ![i]

Réfléchissons : le Québec souffre-t-il d’un surdiagnostic ?

Les écoles et commissions scolaires ont peut-être un rôle à jouer. Quant on sait que les subventions reçues du gouvernement du Québec varient selon que l’enfant est classé régulier ou ayant un handicap d’apprentissage ou d’adaptation, le niveau passant du simple au double, voire plus (de 5 000$ pour un enfant régulier à 10 000$ à 18 000$ selon le code de difficulté[ii]), il est facile de biaiser son jugement, consciemment ou non.

Les parents, les intervenants, les enseignants qui, au jour le jour et sans avoir les ressources nécessaires, doivent composer avec les exigences que pose un enfant impulsif, inattentif ou hyperactif, ajoutent à cette pression.

Mais les médecins aussi peuvent participer à cette augmentation. Dans un article de La Presse publié  en février 2015, le Collège des médecins,  préoccupé par le taux élevé de diagnostics de TDHA, « reconnaissait que ses membres étaient parfois mal outillés. »[iii]

Par ailleurs, un certain consensus laisse entendre que le TDAH est un problème biologique, mais cette position est aussi controversée.  Jean-Claude St-Onge[iv], docteur en socioéconomie et auteur du livre TDAH pour en finir avec le dopage de nos enfants, rapporte qu’en réalité  « on ne connaît pas les causes biologiques du TDAH .  Même la compagnie Novartis, le fabricant du Ritalin, précise dans l’information professionnelle sur son médicament que « L’étiologie [la cause] spécifique de ce syndrome est inconnue, et il n’existe aucun test unique pour poser le diagnostic. »

En outre, si on analysait le mode de vie de ces enfants, peut-être y découvrirait-on une mauvaise alimentation, un manque d’activités physiques, une surstimulation , un taux élevé d’anxiété, un manque de sommeil, une faible estime de soi face aux critères élevés de surperformance, un manque de relations humaines et de collaboration entre pairs face au dictat de la compétition qui individualise…  En fait si on améliorait le mode de vie de ces enfants et de la société en général, ceux-ci seraient-ils toujours impulsifs, lunatiques ou  hyperactifs?

En attendant de savoir, agissez : les recherches indiquent que la pratique régulière d’activité physique prédispose à l’apprentissage[v]. Un cerveau mieux irrigué, des connexions neuronales  améliorées et plus nombreuses, une amélioration de l’état de vigilance, une diminution de l’état d’anxiété, une amélioration des résultats scolaires… sont au nombre des bénéfices que tous les enfants  ayant un certain niveau de difficulté scolaire peuvent ressentir.   Tout cela à une fraction de la fraction de la fraction du coût de toutes ces interventions médicamentées.

[i] La consommation de Ritalin atteint des records au Québec. Richard Chevalier, site Kiné-santé Publié le 31 mars 2015. http://kinesante.pearsonerpi.com/2015/03/31/la-consommation-de-ritalin-atteint-des-records-au-quebec/

[ii] Tommy Chouinard,  La Presse 19 février 2015

[iii] Tommy Chouinard,  La Presse 20 février 2015

[iv] Jean-Claude St-Onge Dans Le TDAH, une maladie biologique?  17 novembre 2015

http://www.rrasmq.com/publications/Revues_de_presse/2015-12.pdf

http://www.rrasmq.com/revues_de_presse.php

[v] L’activité physique quotidienne favorise la concentration et l’apprentissage.  Université de Sherbrooke publié le 16 mai 2011 http://www.usherbrooke.ca/fasap/accueil/nouvelles/nouvelles-details/article/15612/

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