Spectacle 100 % Daniel Lemire¸
100% sympathique, 100% drôle

Photo : Joanis Sylvain - Lyne Gariépy en compagnie de Daniel Lemire
Lyne Gariépy
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Tout le monde connaît Daniel Lemire. Après plus de 30 ans de carrière, le créateur de l’Oncle Georges n’est plus à présenter. Ce pilier de l’humour québécois est de retour avec son 10e spectacle, 100% Lemire, dans une mise en scène de Denis Bouchard.

C’est un Lemire plus en forme que jamais qui est venu présenter son nouveau «one-man show», le 3 octobre dernier à Saint-Jérôme, grâce au diffuseur En Scène. Avec un humour toujours aussi caustique et un sens de la dérision (et parfois d’autodérision) toujours aussi présent, Lemire frappe là où ça fait rire.

Après une première partie dans laquelle il commente l’actualité de manière virulente et très drôle, Daniel Lemire ramène ses personnages. Que ce soit Ronnie Dubé qui tente d’acheter de la marijuana thérapeutique à la pharmacie, ou Oncle Georges reconverti en coach de vie, ils sont bien de retour. Avec des sujets tels que la politique, le vieillissement de la population et les résidences pour personnes âgées ainsi que l’alimentation, Lemire aborde des sujets qui nous concernent tous. C’est un humour intelligent, mais accessible. J’adore particulièrement ses jeux de mots bien placés, ou parfois le sketch entier semble avoir été construit pour cet unique punch.

C’est un humoriste, heureux d’être sur scène et qui apprécie sincèrement son public, que j’ai eu le plaisir de rencontrer avant et après le spectacle pour cette entrevue. Nous avons discuté comme de vieilles connaissances. On fait difficilement plus sympathique!

Ce qui te fait rire?
Beaucoup de choses… Quoiqu’un peu moins ces temps-là! Je suis un bon public. Mais ce que je préfère, c’est les gags qui se moquent de l’étroitesse d’esprit. Par exemple, dans la bande dessinée Herman, on voit ce dernier dire: « Je suis pour le patriotisme, mais pas dans les autres pays. » Savoureux.

Ce qui te fait pleurer?
La misère humaine. On vit à une époque où il y a un manque flagrant d’empathie. La violence faite aux enfants aussi, ça me rentre dedans, ça vient me chercher.

Une époque où tu aurais aimé vivre?Je ne suis pas très nostalgique. On idéalise souvent le passé, mais on oublie les inconvénients et obstacles qui venaient avec l’époque, comme l’absence de médicament. Mais j’au-rais bien aimé connaître le début des années 1920, avec la naissance du cinéma et toute l’effervescence du temps. Mais ensuite il y eut la crise de 1929. Les années 50-60 aussi ont été des moments fastes, avec le « american way of life », où les rêves étaient accessibles pour tous, et qui fut une période sans trop de conflits. Par contre, aujourd’hui est une belle époque, car il n’a jamais été aussi facile de voyager et d’avoir accès à l’enseignement. Bref, je ne suis pas trop nostalgique.

Un lieu où tu aurais aimé vivre?La chaleur prend de plus en plus de place dans ma vie en vieillissant!L’Italie serait un bel endroit. Il y a les villages anciens, mais surtout il y a la mer. Je ne me « tanne » pas de la mer, je pourrais la regarder tout le temps, elle est toujours différente, c’est un tableau mouvant.

Une invention ou une découverte que tu aurais aimé faire?

Ça dépend de l’époque, car certains savants ont été brûlés vifs! On parlait d’absence de médicament tantôt. Bien, la découverte de certains remèdes fut une avancée incroyable. Tout comme la dévotion de gens comme les Curie, leur passion, leur amour de la recherche était entière. J’aurais aimé être une de ces personnalités qui ont embrassé leurs destins par vocation, par passion envers le sujet de leurs recherches, pas pour devenir populaires.

Une période de ta vie où tu aimerais pouvoir arrêter le temps?
Pas mal là, ici et maintenant. Comme je le disais tantôt, je ne suis pas nostalgique. Je ne veux pas vivre dans le passé et l’idéaliser. Je profite du moment présent.

Une personne, vivante ou disparue, que tu aimerais rencontrer?
Charlie Chaplin. J’aurais aimé le rencontrer, mais je ne sais même pas si j’aurais été capable de lui parler, telle-ment j’aurais été intimidé. Il représente une époque, et il a en quelque sorte inventé le cinéma. Il a été d’une certaine manière la première vedette internationale, car ses films étaient visionnés partout dans le monde.

Tu es élu premier ministre aux pro-chaines élections. La première chose que tu fais c’est…
J’investis dans le système d’éduca-tion. Mais intelligemment, pas seule-ment en argent. J’améliore les conditions de travail des enseignants et du personnel scolaire. On leur confie nos enfants, ils doivent former les adultes de demain, mais d’un autre côté, on ne les valorise pas suffisam-ment. Je changerais cela.

Ta plus grande fierté?
Dans le métier, c’est d’avoir duré. D’être resté intègre. Du côté person-nel, c’est d’avoir réussi à conserver une famille unie. Parce que mon métier s’accorde mal avec une vie de famille. D’abord parce qu’on est sou-vent sur la route, mais surtout parce qu’il y a une certaine dichotomie entre se faire applaudir sur scène et être à la maison, où on ne se fait pas applaudir pour chaque petit geste!Donc d’avoir une vie de couple et de famille unie est une réussite dont je suis fier.

Ce qu’il te reste à accomplir pour être comblé?
Rester en santé, bien dans ma peau, et maintenir ma carrière telle quelle est maintenant, en y prenant plaisir. Avec les années, je suis de plus en plus reconnaissant envers les gens qui se déplacent pour voir mon specta-cle, surtout avec l’offre grandissante d’humoristes. Je l’apprécie beau-coup.

Merci Daniel.
Pour ceux qui sont intéressés, Daniel Lemire sera en représentation les 13 et 14 novembre à Montréal, au théâtre Maisonneuve. Et ne quittez pas la salle trop rapidement, car il y a une surprise à la fin.

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