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André Sauvé (et ses cheveux ébouriffés) était de passage au théâtre Le Patriote les 14, 15, 21 et 22 août derniers afin de présenter son plus récent spectacle, Être. Quatre représentations, quatre salles pleines à craquer et quatre fois les mêmes éclats de rire.
Après une introduction captivante sur écran, où le chemin vers l’existence était traduit par un spermatozoïde en quête de devenir, Sauvé est arrivé sur scène en proclamant haut et fort : « On veut tous être quelque chose, mais c’est quoi être ? ». Mais, oui, en fait c’est quoi exister ? De tous les animaux, sans exception, nous sommes les seuls à avoir conscience de notre état d’entité vivante, à saisir qu’il y a un début et une fin, tout simplement. Une vache, elle, ne se pose pas vrai-ment de questions sur ce qu’elle est, elle broute, c’est tout. On donnerait n’importe quoi pour « avoir de la vache en soi, une switch à off, une switch à vache », a affirmé Sauvé pendant que la salle pouffait en un seul et même rire.
Il n’y avait plus moyen de retenir Sauvé. Ses paroles se sont succédé à une vitesse folle sans jamais s’arrêter, jamais. Toute la salle a été transportée jusqu’à Coconut Beach où Sauvé croyait prendre des vacances. Mais le courriel d’un ami est venu tout chambouler lorsque celui-ci a indiqué à la fin de son message, en gros caractères gras, « profites-en ! ». C’est tout simple, mais ça complique considérablement les choses : « Comment on fait pour profiter du moment présent ? », s’est questionné Sauvé. Il n’y a pas de recette miracle. La seule solution est de se dompter le mental bien comme il faut en ramenant toujours le présent « comme un pooddle », a ajouté l’humoriste pendant que la salle riait à gorge déployée.
Éclat de rire après éclat de rire, Sauvé a entrepris de dédramatiser ses propres angoisses. Il a partagé quelques souvenirs d’enfance, quelques moments où il a toujours su qu’il était différent parce que son idole à lui ce n’était pas Superman, mais bien Moïse. Il voulait avoir un don, sauver l’humanité et, surtout, séparer l’eau en deux accoutré de la nappe de Noël de sa mère en guise de cape. Il voulait être quelqu’un d’autre. C’est avec le temps qu’il a saisi que « tu peux pas te pousser de toi-même, tu peux pas prendre un break de toi », alors autant apprendre à s’aimer.
Ce fut ensuite le tour aux soirées cocktail où il est nécessaire de socialiser, un grand malaise pour Sauvé, parce qu’il « faut gérer ce qu’on vit pour avoir l’air normal » tout en discutant sans cesse. Des soirées pleines d’inconnus qui trouvent, on ne sait trop comment, toujours quelque chose à dire. Sauvé a donc simulé de la façon la plus hilarante comment il s’y prenait pour s’immiscer dans une conversation déjà entamée. Pas facile.
Sur une note un peu plus sérieuse, dans un silence des plus complets, il a terminé en affirmant qu’il fallait arrêter de vouloir être autre. Qu’il fallait apprendre à lâcher prise comme les feuilles d’automne qui se détachent et tombent tranquillement au sol. Cette soirée-là, Sauvé nous a tous un peu sauvés de nos angoisses.